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L'Opéra sans subventions


L'Opéra de Massy vient de sortir sa saison, pas inintéressante comme à l'habitude, avec, régulièrement, des titres du répertoire français défendus par la fine fleur des chanteurs français d'aujourd'hui qui peinent, pour de mauvaises raisons, à accéder aux grandes scènes.

Cette fois-ci, c'est Samson et Dalila importé de Metz, avec les mêmes chanteurs assez grisants (Kamenica, Furlan, Duhamel) et l'ONDIF, l'occasion d'entendre, ce n'est pas tous les jours, cet opéra servi en style.

Et puis on regarde les prix. En abonnement, les places au fond du théâtre, c'est 79€… Bon, bon.

On est tenté de crier au scandale, et puis on voit le tableau complet : l'Opéra est la danseuse de son maire, seule maison d'Opéra attachée à une ville d'Île-de-France, hors Paris (le cas de Versailles est un peu particulier, c'est une programmation plus occasionnelle, intégrée au château-musée). Ce n'est que la troisième ville, en population, de l'Essonne (après Évry et Corbeil), et cette inauguration d'autorité la prive sans doute de l'accès aux subventions qu'on les autres maisons de grandes villes. Avec ses moins de 50.000 habitants, la ville n'atteint pas la même masse critique que les préfectures et chefs-lieux de région qui accueillent en général les maisons régionales (Rennes, Metz, Besançon, Reims tournent plutôt autour de 200.000 habitants).

Aussi, Massy est sans doute l'un des rares lieux, en France, où le prix du billet reflète réellement les coûts de production du spectacle vivant.

Il n'empêche que, considérant l'offre parisienne voisine, on peut aller voir à la fois plus prestigieux et moins cher, ou en tout cas se choisir très exactement ce que l'on veut, sans avoir à y mettre ce prix. (Au demeurant, l'acoustique et la visibilité sont excellentes de partout dans cette salle moderne de taille moyenne, je l'admets complètement.)

Quand la dure réalité économique rend une scène secondaire, déjà en déficit de notoriété et de prestige (sans parler du fait que l'architecture générale de la ville n'incite pas exactement à la flânerie touristique pré-concert), plus chère pour le spectateur qu'une soirée à l'Opéra de Versailles, même en ne prenant pas les catégories basses…

Il y a pourtant de fort jolies choses, dont certaines moins chères : le jubilatoire Into the Woods de Sondheim, des Noces de Figaro avec des artistes français de très grande valeur (Fa, Despaux, Pancrazi, Seguin, Saint Martin, Lécroart… !), Amadigi di Gaula de Haendel (Correas), Phi-Phi de Christiné (pas un chef-d'œuvre du tout, mais une amusante bouffonnerie hellénistante – Phi-Phi, c'est Phidias – avec de légers numéros marqués par l'influence du jazz de divertissement), un Te Deum de Charpentier par le Concert Spirituel…

Un support à méditation, en tout état de cause.


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Commentaires

1. Le jeudi 29 mars 2018 à , par la souris :: site

C'est sûrement plus intéressant pour la danse. Certes, le prix le plus bas est beaucoup plus élevé qu'à l'Opéra de Paris, mais cela reste d'un bon rapport visibilité/prix (quand on n'est plus officiellement jeune) : à 40 €, à Garnier, on est à peu près sûr d'avoir une tête devant soi ou un angle mort ; là, c'est le prix de la première catégorie danse. Moralité : faut se mettre au ballet. :p

2. Le jeudi 29 mars 2018 à , par DavidLeMarrec

Oui, pareil pour les Noces avec les jeunes, ce sera excellent (enfin, je n'ai jamais entendu l'orchestre local et je le suppose peu « musicologique », mais on m'a dit qu'il était tout à fait décent), et le prix est beaucoup plus abordable. Mais pour les productions qui donnent envie de faire le déplacement, c'est quand même bien méchant.
Bien sûr, ça revient moins cher qu'avec le train pour aller entendre Samson à Metz – le pittoresque, en revanche…

Mais je suis déjà au ballet, depuis longtemps ! La seule chose, c'est que c'est la musique qui me motive. Donc vu des tas de choses merveilleuses de LULLY (Gallotta), Rodolphe (Noverre), Adam (Petipa), Hérold (Ashton), Berlioz (Waltz), Mendelssohn (Balanchine), Franck (Ramantsky), Bizet (Balanchine), Tchaïkovski (Petipa/Noureïev/Jude/Cranko), Mahler (Neumeier), Ravel (Millepied), Rangström (Cullberg), Sauguet (Petit), M. Gould (de Mille), Damase (Taras)… Évidemment, si c'est sur bande / du Glass / des orchestrations de Chopin / le Boléro / le Sacre moins bien joué qu'en concert / du Minkus… j'ai moins de raisons de me déplacer, c'est sûr. (Donc beaucoup vu de ballet sous Lefèvre… quasiment rien sous Dupont.)

3. Le jeudi 29 mars 2018 à , par Andika

"(sans parler du fait que l'architecture générale de la ville n'incite pas exactement à la flânerie touristique pré-concert)" Quel bel euphémisme. Massy, j'y suis allé une fois, en sortie scolaire il y a près de 10 ans. Ça devait être pour Rigoletto il me semble, une certitude , c'était un opéra de Verdi. Nous avions assisté à une générale, gratuitement. L'avantage d'être en option musique. Ça m'avait sorti pour une soirée de la torpeur de l'internat, donc même si le cadre n'était pas très bucolique, j'ai pris plaisir à y aller. De toutes manières, il n'y avait pas loisir à promenade compte tenu de l’horaire et du cadre. Le chemin parcouru entre le parking et la salle ne comptant pas bien évidemment. Mais bon, j'en garde une certaine nostalgie car c'était ma première fois à l'opéra et une première fois, ça marque n'est-ce pas ? :D

4. Le jeudi 29 mars 2018 à , par DavidLeMarrec

Ah oui, la saveur de la première fois !

5. Le vendredi 30 mars 2018 à , par Pic

Et toi David? Quelle était ta première fois?

6. Le samedi 31 mars 2018 à , par DavidLeMarrec

La Clémence de Titus dans la mise en scène de Kokkos, au Grand-Théâtre de Bordeaux. J'ai découvert l'œuvre une ou deux semaines avant avec le disque Harnoncourt, pour me préparer. C'était un très bon choix. Une œuvre que je n'ai fait que réévaluer à la hausse depuis – de loin l'opéra de Mozart que j'écoute le plus souvent.

À ton tour maintenant…

7. Le samedi 31 mars 2018 à , par Pic

J'étais très jeune, autour de 10 ans je pense, alors mes souvenirs sont très flous et partiels. Je ne me souviens même plus de l'oeuvre avec certitude... mais c'est soit Aida, soit Turandot (j'ai vu les deux à cet âge, mais ne peux assurer dans quel ordre).
Palmiers en plastique, pyramides en carton, ténor planté à l'avant scène... Tout un monde disparu... :-/

8. Le samedi 31 mars 2018 à , par DavidLeMarrec

Ah oui, en effet, ça avait l'air chouette !

Moi je n'ai pas connu ça, mon deuxième opéra, c'était Giulio Cesare où les Romains étaient les nazis – avec Cléopâtre, pendant la bataille du III, où l'on déposait depuis les cintres des mannequins de paras, vêtue en officier de Gestapo. (Bon, j'ai quand même un peu connu ça, j'ai été au Capitole pendant l'ère Joël, et j'ai même vu une Iphigénie en Tauride à Bordeaux où il y avait quelques colonnes.)

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