jeudi 30 août 2018
Une décennie, un disque – 1630 – Schütz, Musikalische Exequien
1630

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Canticum B.Simeonis, la fin des Musikalische Exequien.
Canticum B.Simeonis, la fin des Musikalische Exequien.
Compositeur : Heinrich SCHÜTZ
Œuvre : Musikalische Exequien (1636)
Commentaire 1 : Du richissime catalogue de Schütz, j'ai retenu ce bijou absolu, peut-être son plus haut chef-d'œuvre. Exequien est un mot allemand dérivé du latin pour funérailles, il s'agit en réalité d'un office des morts, version protestante (avec psaumes dans tous les coins). Schütz le réalise sur les instructions précises du Comte de Reuss-Gera, l'un des multiples qu'il devait servir pour assurer son revenu. La pièce est issue de la commande directe de ce prince, prévoyant sa mort prochaine, si bien qu'il put l'entendre non seulement pour ses funérailles (la qualité acoustique du Paradis reste cependant en débat), mais aussi avant sa mort, à la fin de sa composition.
En trois parties de très inégales longueurs : 20' pour l'office proprement dit, 3' pour le Psaume 73, 4' pour le Cantique de Syméon (le vieillard qui accueille Jésus au Temple et se considère en paix : Nunc dimittis etc.).
Schütz y déploie le meilleur de son art le plus sophistiqué, dans les homorythmies comme dans les polyphonies, dans les imitations et répons en double chœur (comme dans le Cantique de Syméon). Certes, tout cela demeure austère, mais d'une subtilité qu'il n'a lui-même jamais poussée, je crois, si loin.
Interprètes : La Petite Bande, Sigiswald Kuijken.
Label : Accent (2014)
Commentaire 2 : 2 chanteurs par tessiture (dont Stéphen Collardelle, ténor miraculeux, membre permanent de l'Ensembles Correspondances, dans ces parties très plastiques, qui s'étendent de la basse 1 à l'alto 1 ♥), 2 violons, viole de gambe, basse de violon (par S. Kuijken lui-même), orgue (Benjamin Alard !). Limpidité extraordinaire du résultat, avec un grain fort de chaque voix, de chaque ligne.
Discographie alternative :
Rademann (chez Carus), Akadêmia-Lasserre ou les American Bach Players sont remarquables également, quoique pas à ce degré de finesse de touche et d'éloquence. En revanche, prudence avec certains noms qui inspirent confiance, Herreweghe y est assez vaporeux et mou, et Sixteen-Christophers évoque tout de bon l'ère Leppard !
Ce billet, écrit à par DavidLeMarrec dans la catégorie Une décennie, un disque a suscité :
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