Désobéissance civile
Par DavidLeMarrec, mercredi 21 décembre 2005 à :: Langue :: #117 :: rss
Apologie du dévoiement lexical raisonné.
On nous rebat les oreilles avec l'idée que le mot alternative est mal employé.
C'est un fait. L'alternative désigne en principe un choix entre deux éléments.
Exemple :
Mourir, ou bien périr ? Je crois question de dupe
La sotte alternative hélas! qui nous occupe.
Or on a l'habitude de l'emploi du terme pour désigner l'élément d'un choix :
Exemple :
Eh, lorsqu'on meurt de faim, Ã part consommer grive,
Qui diable a jamais su quelqu'autre alternative ?
De surcroît, l'expression autre alternative, très courante, est en elle-même fautive, si l'on veut, puisque le sens de la particule latine alter- est justement autre - le mot français en découle directement. On entend très fréquemment les journaux d'information l'utiliser.
Pourtant, je suis partisan de l'usage considéré comme erroné de ce mot, pour deux raisons fort simples :
- Si l'on éprouve le besoin de le renforcer par autre, c'est tout simplement que la racine latine n'est plus évidente pour les locuteurs français, et par conséquent, il est bien naturel qu'ils se réapproprient la langue de façon à redonner sens à ce qu'ils disent. Il n'y a là rien de bien méchant. Les érudits peuvent se contenter d'omettre la redondance, sans fulminer des commandements, en l'occurrence.
- Le glissement du sens du mot est tout simplement un moyen pour la langue de sauver le mot. L'usage du mot alternative au sens strict est assez délicat, et pas très fréquent. On dit tout bêtement un choix, ou un choix à deux termes si on veut raffiner la chose. Alors que c'est assez utile pour exprimer élément d'un choix. Proposition, possibilité, opportunité (un anglicisme, en plus ;-), solution, issue ne sont pas assez précis, ou alors présentent une nuance de sens parasite : une solution, c'est un issue positive, une issue, c'est un moyen de fuite.
Je suis donc favorable au dévoiement utile d'alternative.
David - Ah,fors'èluichel'anima...
Commentaires
1. Le vendredi 23 décembre 2005 à , par DavidLeMarrec
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