Rions avec Mozart
Par DavidLeMarrec, mercredi 28 décembre 2005 à :: Vaste monde et gentils - Tirso, Molière, Beaumarchais, Da Ponte et Mozart :: #131 :: rss
Cette année (250 ans de naissance, c'était ça ou Joseph Martin Kraus et Marin Marais), tout le monde va vouloir parler de Mozart , alors forcément, comme tout le monde n'est pas forcément très au fait du sujet, il va y avoir des choses amusantes.
Et puis, la grandiloquence propre à toute commémoration devrait donner lieu à des tirades plus lyriques qu'avisées.
J'ouvre gentiment le bal en proposant la présentation du dossier de l'Express par Denis Jeambar.
Admirable pianiste, interprète passionné de la musique dite «classique» et pourtant compositeur atonal, Artur Schnabel
On notera que la musique atonale n'est pas de la musique dite "classique". Et on s'amusera de l'orthographe circonspecte employée :
Schnabel, cependant, ne joua jamais lui-même ses propres œuvres dodéca-phoniques en public,
(manifestement le rédacteur de l'article n'utilise pas souvent ce mot)
[citation de Schnabel : ] "le processus de création s'effectue en moi d'une façon analogue à celle dont il a dû s'accomplir chez Mozart, c'est-à-dire spontané, aisé, coulant de source, sans le moindre appesantissement provoqué par la recherche et la réflexion."
et Denis Jeambar de renchérir :
Cette intense liaison entre ses auditeurs et lui est au cœur de l'exceptionnelle communion qu'inspirent, deux cent cinquante ans après la naissance d'Amadeus, ses concertos, ses quintettes, ses symphonies et ses opéras. Le miracle mozartien réside dans l'universalité de cette musique qui peut rassembler des individus de tous horizons, touchés par la grâce de ce qu'ils entendent. L'œuvre d'art - musicale ou picturale - ne devient chef-d'œuvre que dans ce lien avec l'auditoire le plus large qui soudain partage des émotions et des sentiments communs. Elle efface les différences, abolit le temps et s'impose à l'humanité.
Eh bien... L'universalité absolue de la musique occidentale, la musique de Mozart, écrite sans effort, qui dépasse absolument ces maudites conventions, le lien magique avec les auditeurs. J'aime beaucoup le dernière phrase. On a l'impression d'un traité des Lumières sur la Paix Universelle réécrit par un romantique béat.
Et je n'exagère pas, il nous refait la Préface de Cromwell : "Apollinienne et dionysiaque à la fois, elle forme une cosmogonie qui mêle l'insouciance et la gravité, le tragique et le bouffon, la vie et la mort."
Je suis très impressionné par cette explication de fond, avec des arguments solides. On notera le jugement de valeur d'une musique par rapport à sa célébrité, "ce lien avec l'auditoire le plus large". La musique n'est qu'émotion...
Certes, Mozart a un talent indéniable dans la simplicité, ce qui le rend plus aisément accessible que Iannis Xenakis, d'accord. Mais le reste, c'est largement du pipeau sentimental, très joliment dit, mais qu'on pourrait appliquer à Michael Jackson, Céline Dion, l'Adagio de Barber, la Danse du Sabre ou la salsa. Rien de très spécifiquement mozartien, donc.
Et je vous passe la sauce sur Bach "le saint trônant sur les nuages" (il paraît que c'est une image répandue, selon Denis Jeambar), et sur les composantes apollinienne et dionysiaque de la musique de Mozart, naturellement.
Au passage, cette dichotomie apollinien/dionysiaque est un de ces tics de vocabulaire à mode, comme "stigmatiser", "crucifier" ou "dérives"...
Voilà pour ma première perle de l'année Mozart. Je n'ai pas encore lu le dossier, j'ai bon espoir !
A vous.
Commentaires
1. Le jeudi 12 janvier 2006 à , par Philippe[s]
2. Le jeudi 12 janvier 2006 à , par DavidLeMarrec
3. Le jeudi 12 janvier 2006 à , par Inactuel
4. Le jeudi 12 janvier 2006 à , par DavidLeMarrec
5. Le jeudi 12 janvier 2006 à , par Inactuel
6. Le jeudi 12 janvier 2006 à , par DavidLeMarrec
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