Enregistrements, domaine public - XXI - Richard WAGNER, Der Fliegende Holländer (Le Vaisseau Fantôme) - Schüchter, NDR Hambourg 1951 - Werth, Hotter, Böhme, Aldenhoff
Par DavidLeMarrec, samedi 6 octobre 2007 à :: L'horrible Richard Wagner - Musique, domaine public - Opéra romantique allemand :: #737 :: rss
Nous poursuivons la série wagnérienne avec ce bijou.
Adresse(s) du livret bilingue :
- en italien
- en espagnol
- en anglais
Pour les râleurs (il s'en trouve toujours beaucoup dans ces cas-là), il est théoriquement possible d'obtenir copie PDF des livrets sur demande au site d'EMI. Or la version Klemperer éditée par EMI contient une version française du livret.
Senta : Helene Werth
Erik : Bernd Aldenhoff
Holländer : Hans Hotter
Daland : Kurt BöhmeMary : Res Fischer
Steuermann : Helmut KrebsOrchestres et choeurs de la NDR (radio de Hambourg).
Wilhelm SCHÜCHTER
A charger directement sur les serveurs de CSS :
http://piloris.free.fr/schuechter/ .
Sur l'oeuvre, postmarschnerienne, il y aurait beaucoup à dire, puisqu'elle constitue sans doute celle qui nous est la plus chère dans le corpus wagnerien. Aussi nous vous laissons partir à la découverte, en notre compagnie peut-être à un moment ou l'autre, qui sait.
On se contente donc d'un mot sur la motivation du choix de la version.
L'une des versions les plus équilibrées et les plus enthousiasmantes qu'on puisse rêver. L'ensemble est mené avec une grande alacrité par Schüchter - urgence et goût. Werth dispose toujours, comme à chacune de ses trop rares apparitions [1], d'une grande densité timbrale et émotive, difficile à décrire - combinant une très grande richesse des harmoniques à une chaleur vocale de tissu... Et toujours cette véhémence délectable. Aldenhoff, du haut de son format siegfriedien ici idéalement maîtrisé, campe avec une grande aisance un Eric d'une mâle vigueur et d'une élégance bien rares. Hotter, toujours dans la vision plus lassée que séduisante du voyageur, qui évolue sans doute modérément au cours du drame, est d'une cohérence impeccable, dans un bon soir. Böhme quant à lui échappe à son démon plébéien pour livrer une incarnation bien plus probe qu'on aurait pu le craindre.
Cette version serait, à un degré de charisme plus grand, à comparer avec celle néanmoins mieux connue de Woldemar Nelsson (Lisbeth Balslev, Simon Estes, Matti Salminen), qui se fonde elle aussi sur une lecture très cursive, mais de façon encore plus criante - le résultat sonne assez verdien !
On peut bien sûr par goût lui préférer d'autres lectures, notamment pour le rôle-titre, comme chez Knappertsbusch 1955 (libre de droits lui aussi) pour Hermann Uhde, ravageur et touchant, à condition de tolérer Astrid Varnay dans un rôle aux antipodes de ses aptitudes stylistiques (avec de surcroît des sons vraiment laids et une psychologie un peu robuste), qui s'appuie fortement sur le figuralisme de la partition [2]. Ou comme chez Karajan, malgré la section de cuivres un peu généreuse et quelques maniérismes de phrasé (notamment le ritenuto agaçant sur le motif de la rédemption), avec un trio idéal Vejzović / van Dam / Moll.
Pour CSS, qui conserve toutefois très présentes à son esprit les soirées très weberiennes de Günter Neuhold [3] (Nina Stemme / Pavlo Hunka / Hans-Peter König), Böhm remporte la palme pour sa lecture incroyablement transfigurée : le monde y vit une apocalypse, qui échappe totalement à toute pensée weberienne, marschnerienne, verdienne ou même wagnerienne. L'univers entier est convoqué pour se déchaîner, sans que l'on sache véritablement comment il serait concrètement possible de tirer cela d'une partition qui, pourtant, est tout à fait inscrite dans son temps. Que l'on ajoute à cela que Stewart et Ridderbusch n'ont guère d'égaux (disons Uhde et Moll, et n'en parlons plus) dans la beauté de leur placement vocal, la portée de leur mordant, la conviction de leur expressivité, et nous tenons là une version qui, en toute franchise, vaut mieux que la partition telle qu'écrite par Wagner.
Il n'en demeure pas moins que ce Schüchter demeure un premier choix pour la hauteur de ses qualités intrinsèques et son équilibre. Plus exaltant que Nelsson, moins hétérogène que Karajan et Knappertsbusch 55, il était le choix incontournable dans la mesure où nous ne pouvions vous proposer Böhm qui n'est pas dans le domaine public. En tout état de cause, le résultat est si dissemblable que la connaissance des deux interprétations n'est pas absolument superflue.
Schüchter s'inscrit, nous semble-t-il, dans une assez grande exactitude stylistique vis-à-vis de la partition ; on n'y entend ni l'allant simple des allemands précédents, ni l'évidence des mélodies verdiennes, ni le Wagner de Lohengrin ou encore quelque chose de plus visionnaire, mais véritablement l'esprit qui se dégage à la lecture de la partition. A tout point de vue exemplaire. Et très excitant à entendre.
La Compagnie des Ferries sur sol vous souhaite une aimable traversée - aussi inspirante que la Manche pour Wagner...
Notes
[1] On peut la connaître à partir essentiellement de témoignages récemments parus, particulièrement une Leonore et une Sieglinde de la même farine.
[2] Mais pas spécifiquement selon le registre maritime, ce qui reste toujours un peu superficiel. C'est ce qui déçoit chez Clemens Krauss, par exemple.
[3] Qui a déjà dirigé Marschner. Et avec Nimsgie. Cette soirée wagnerienne, en revanche, n'a pas été captée.
Commentaires
1. Le vendredi 12 octobre 2007 à , par Vartan
2. Le samedi 13 octobre 2007 à , par DavidLeMarrec :: site
3. Le samedi 13 octobre 2007 à , par Vartan
4. Le samedi 13 octobre 2007 à , par DavidLeMarrec :: site
5. Le samedi 13 octobre 2007 à , par Vartan
6. Le samedi 13 octobre 2007 à , par DavidLeMarrec :: site
7. Le jeudi 15 janvier 2015 à , par Rémi
8. Le jeudi 15 janvier 2015 à , par DavidLeMarrec
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