Carnets sur sol

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A ma Bergère - Votre Berger irrité

Ils ont osé.

Mordre la main qui les a nourris.


Devant tous les succès remportés par Radio Classique, son gonflement d'audience depuis sa refonte easy listening (abandon des raretés classiques et romantiques, tubes seulement, diffusion de mouvements isolés, annonces et désannonces sans les interprètes, présence de personnalités non spécialistes pour présenter, fin de la politique de captation de concerts), sa réception de prix, France Vivace riposte d'une drôle de façon.

Non pas en affectant sa programmation, tout de même très exigeante. Non seulement des raretés comme du temps d'Hector ; mais des raretés organisées par salves thématiques, ce qui les rend encore plus difficilement supportables qu'avec la mixité absolue d'Hector.




On en avait déjà parlé, la chose a ses avantages et ses inconvénients. Côté négatif, le risque de la saturation, du tunnel ; la possibilité d'échapper à ce qui ne nous intéresse pas a priori. Côté positif, la documentation formidable que ces salves constituent, et la possibilité de planifier ses écoutes efficacement.
Sans doute est-ce moins propice à l'écoute abondante ; mais plus passionnant encore. C'était en tout cas notre conclusion, pour nous qui admirions tant Hector (et craignions beaucoup de sa disparition).
Les commentaires y sont brefs (plus que sur France Musique[s]) mais efficaces (plus que sur France Musique[s]) - en cela aussi, on gagne sur la distribution brute, sans la moindre phrase, d'Hector.

En ce moment même, les concertos pour violon (volume II) : Schumann, Bruch 1, Vieuxtemps 5, Saint-Saëns 3, Dvořák, Sibelius. A part ce Bruch et l'omniprésent Sibelius, et même si Vieuxtemps est enregistré, Dvořák donné quelquefois, ce ne sont pas à proprement parler des oeuvres très fêtées. Sachant qu'il doit s'agir de l'un des programmes les plus grand public de la semaine...




Bref, ce n'est pas en altérant la haute de vue, l'originalité - et, en fin de compte, l'exigence - de sa programmation que Vivace entend rivaliser avec Radio Classique. C'est par le positionnement marketing.

Qui hélas se limite à sa fenêtre d'écoute en ligne. Oui, le service public ne peut se permettre de convaincre que ceux qui sont déjà clients. [C'est là où l'on a confirmation que les diplômés de HEC finissent bel et bien dans le privé.]

Ce slogan nouveau [1] nous a plongé dans l'étonnement.

Oui, quand même.




Ce qu'il y a d'étonnant, c'est que dans sa furie destructrice, François Hudry, Samson nouveau, assomme quelques Hébreux en faisant crouler le Temple de Dagôn.

la chaîne 100% classique

C'est l'argument de toutes les chaînes de ce genre. Identification claire du produit. [Dommage, d'ailleurs, puisque le jazz (déjà peu représenté, et de façon moins convaincante surtout que la programmation de France Musique[s]) et les Musiques du monde présentes dans l'excellente émission de Christian Poché ont donc dû disparaître.]

oeuvres intégrales

La grosseur de la police (nous grassons à la place) souligne le sens du coup porté. Nous sommes les rois, comment disent les compagnons de Chem - ou plutôt, nous sommes les vrais. Point d'indigne hachis chez nous. Radio Classique et sa dénaturation de chefs-d'oeuvre présentés par le petit bout de la lorgnette, de façon morcelée, honteusement enserrés entre de longues tranches de publicité pour capitalistes individualistes décomplexés, n'a qu'à bien se tenir. L'authenticité, le terroir de la Culture, c'est par ici, c'est par chez nous.

A la guerre comme à la guerre, le clin d'oeil est appuyé, mais clair. Après l'identification du produit, le positionnement dans le haut de gamme du marché.

Dommage seulement que ce message ne s'adresse qu'à ceux qui, consommant déjà du Vivace, ont déjà choisi leur camp.

sans blabla inutile

Mais voilà que nous devenons bien perplexes. S'agit-il vraiment de rassurer les auditeurs de Radio Classique ? Pourtant ce propos, n'est-ce pas d'abord pour se détacher du principal péché de la chaîne-mère, ses tunnels de parole [2] ? Ne s'agit-il pas, en fin de compte, du coup de pied de l'âne contre la pauvre France Musique[s], qui avec l'obstacle d'une programmation fondée sur la disponibilité des concerts récents, ses prises de son boîteuses, ses émissions d'initiation trop abstraites pour des néophytes et trop superficielles pour son public réel, ne se sauve déjà que par l'absence d'exigence d'une audience minimum ? [3].

De façon plus générale, la liberté trivialisante du slogan surprend, surtout que la chaîne revendique dans le même temps le standing et l'authenticité attachés à la diffusion d'oeuvres complètes. Shocking.

Considère-t-on vraiment, sur France Vivace, enfant légitime de France Mu (si vous nous permettez cette familiarité - au fait, on peut vous appeler Mumu ?), que le blabla musical est véritablement inutile et haïssable ? Etrange posture.




Il s'agit en réalité - et on ne le comprend qu'à l'écoute - non pas de rejeter la parole musicale comme sur Radio Classique, mais bien de bannir la perte stérile de salive et de temps propre à France Musique[s]. Le trait décoché est donc bel et bien, à bien y regarder, adressé à Mumu - la première impression était pertinente.

On est d'autant plus frappé de sa violence. En effet, la distinction des postes de directeur de Vivi et Mumu n'est pas une chimère vaine qui nourrirait nos songes d'auditeurs.

Vraiment cueilli nous fûmes.

Notes

[1] Puisque nous utilisions nos raccourcis directs, nous n'en avons eu connaissance qu'aujourd'hui.

[2] Ils sont réels. Et potentiellement pénibles suivant l'usage qu'on en fait (particulièrement si l'on est affairé à autre chose). Autrefois, nous aurions tout de même légèrement maugréé contre ceux qui refusent de l'information, même au coeur de leurs loisirs. Aujourd'hui, devant le degré de décrépitude très avancé des propos tenus, on ne peut que souhaiter le silence des présentateurs - qui en plus d'utiliser leur long temps de parole (prévu afin d'édifier les foules) pour ne dire absolument rien et meubler éhontément, alignent des erreurs énormes à un rythme et une régularité invincible - que nous n'aurions jamais cru si nous ne l'avions constaté nous-même.

[3] Pour qui voudrait vérifier, on peut écouter France Vivace par ici


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Commentaires

1. Le mardi 4 décembre 2007 à , par jdm

Est-ce qu'ils garderont Véronique ?

C'est que moi, j'aim' bien mes moutons - on - on

Pardon de tout ce bla-bla :)

2. Le mardi 4 décembre 2007 à , par DavidLeMarrec :: site

Hou-là, ça chauffe par chez vous... J'ignore si Véronique sera leur mascotte ; je préfèrerais celle des gens à la messagère, à tout prendre.

3. Le mardi 4 décembre 2007 à , par jdm

Il n'y a personne qui soit né sous une mauvaise étoile, il n'y a que des gens qui ne savent pas lire le ciel, dit le sage.

4. Le mardi 4 décembre 2007 à , par DavidLeMarrec :: site

... que j'ai vue souvent attribuée au Dalaï-Lama, comme le test animalier du même nom. Pour un líder politique, ma foi, il a une communication fort efficace.

5. Le mardi 4 décembre 2007 à , par jdm

Et un référencement qualité jdm : dalai lama lieder, waoushhh...

6. Le mardi 4 décembre 2007 à , par DavidLeMarrec :: site

Tibetische-Lieder Op.24.

Dalai-Lama, Singstimme.
Kobold I, Pianoforte.


TIBET - FREIHEIT


O Freunde, nicht diese Töne!
Sondern laßt uns angenehmere
Anstimmen und freudenvollere.
Freiheit! Freiheit !

Freiheit, schöner Götterfunken
Tochter aus Elysium,
Wir betreten feuertrunken,
Himmlische, dein Heiligtum !




Avec ça, normalement, on devrait y parvenir.

7. Le mardi 4 décembre 2007 à , par jdm

Evidemment, quand on retouche Schiller - version "nouvelle version" - et qu'on fait semblant de confondre Lhassa et Venise !

Et ton audimat ? Tu crois qu'on est combien sur ce fil ? Tu veux faire mieux que France Culture ou Arte ?

Tu connais la musique klezmer contemporaine ?
C'était sur France Culture, ce soir.

8. Le mardi 4 décembre 2007 à , par DavidLeMarrec :: site

Evidemment, quand on retouche Schiller - version "nouvelle version" - et qu'on fait semblant de confondre Lhassa et Venise !

Bernstein l'avait fait avant moi (en 1989), je me suis aperçu que j'ai instinctivement fait le même choix.

Il faut dire que prosodiquement, Freude et Freiheit sont assez interchangeables.


Tu connais la musique klezmer contemporaine ?
C'était sur France Culture, ce soir.

Petit finaud. :-)

Ce n'est pas ce que j'écoute le plus volontiers, je préfère des choses plus résolument débridées, clairement jazz/contemporain comme Yves Robert, mais oui, le Bester Quartet, par exemple, fait de jolies choses que je ne dédaigne pas d'écouter.

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