Le disque du jour - XXI - Frédéric CHOPIN - Préludes Op.28 - Alexandre Tharaud
Par DavidLeMarrec, vendredi 14 mars 2008 à :: Le disque du jour - Domaine chambriste :: #902 :: rss
Un autre choc !
Pourtant, avec Tharaud, on s'attend toujours à l'exceptionnel, d'où le risque d'être déçu (comme par son Couperin, par exemple).
Et nous croyions vraiment, pour les avoir trop écoutés et trop joués, que nous ne pourrions pas remettre l'oreille avant longtemps sur ces Préludes.
Pris avec une vivacité très peu commune, Tharaud leur applique des recettes baroquisantes qu'il semble avoir appris avec son Rameau : détachés (mais avec des arrivées de pédales toujours expressives et saisissantes), irrégularité des notes égales (créant une atmosphère de danse). A moins que ce ne soient cette clarté et ces déhanchements imprévus rencontrés chez Ravel. Le droit au rubato, il en use abondamment, mais pas de la façon consacrée par la tradition, en alanguissant les phrasés ; non, au service de la danse, et surtout d'une appropriation totale de ces pièces. Evidemment, les pièces les plus lentes ne sont pas profondément mélancoliques, plutôt calmement méditatives, et tout cela respire la franche gaîté. Comme à ce tempo tout fuit !
Qu'importe, le résultat est si probant ! De quoi effacer tout nos souvenirs, assurément. Y compris Ohlsson, Magaloff ou Argerich. Le premier prélude est méconnaissable, une foule de polyphoniees nouvelles apparaissent, comme autant de possibles furtifs, écrits ou non. Et partout, de la (re)pensée sans explication de texte, des accidents sans ostentation, de la sculpture sonore sans rudesse, du chant plein d'évidence - rien de systématique ou de tarabiscoté.
Premier et deuxième préludes, parmi les plus réussis.
Couplage très judicieux avec des pièces de Mompou directement comparables à ces Chopin - mais en évitant les trop évidentes Variations sur le Septième Prélude.
Remerciements à Morloch.
On y reviendra probablement, prélude par prélude, car l'écoute est en cours, et au Septième nous voilà déjà terrassé. Le premier à lui seul est un monument, en tout état de cause. [Et, à la fin de cette note, peu à peu augmentée, nous approchons du total. Seule réserve apparue : plusieurs fois une pédale un peu généreuse qui noie les basses dans les préludes les plus emportés. Vraiment pour pinailler, parce qu'avec cela se crée aussi un univers sonore...]
Pas nécessairement chopinien, tout cela, mais tout simplement personnel et hautement abouti. Malgré cette inventivité débordante, une sobriété sonore qui contraste avec les épanchements complaisants habituels - et qui conviennent fort bien à Chopin, du reste, il n'y a pas lieu de jeter l'opprobre sur les autres pour louer ce Tharaud-ci. Qui ne rencontre de toute façon guère de rivaux dans l'histoire du disque.
Commentaires
1. Le vendredi 14 mars 2008 à , par DavidLeMarrec :: site
2. Le vendredi 14 mars 2008 à , par Lavinie :: site
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