Le théâtre : le texte ou la convention d'abord ?
Par DavidLeMarrec, dimanche 8 juin 2008 à :: Littérature :: #967 :: rss
Un débat assez excitant sur cette question est disponible sur le site de France Culture.

Guerre & Paix, Piotr Fomenko.
Bien entendu, on devinera aisément, vu nos dadas habituels, que la thèse de Florence Dupont, par trop excessive, ne nous est pas follement sympathique. Les tours d'Arlequin vaudraient mieux que n'importe quel texte écrit, le public aurait forcément raison (par quelle magie ?), etc.
Néanmoins, tout cela a le mérite de rappeler certains éléments qui nous sont chers eux aussi, comme le caractère très précieux de la convention. Florence Dupont désigne en effet comme l'essence du théâtre la préexistence de canevas attendus, que l'histoire racontée ne fait que mettre en oeuvre - un prétexte. C'est bien entendu tellement archaïque que même les théâtres les plus rudimentaires et non écrits ne sauraient souscrire, puisque les représentations mythiques n'ont pas pour seul objet de faire du théâtre ; pourtant, ces déclarations ont le mérite de remettre à l'honneur le principe de la variation et le mérite de la convention en art. La nouveauté et la subversion ne constituent pas le seul étalon du plaisir : le travail autour de séquences précodifiées est également très précieux.
A son crédit également, l'attention portée à la musique de scène (mais avec un discernement gustatif peut-être limité) et surtout aux théâtres
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Etonnamment, alors qu'on est censé y pourfendre l'aristotélisme déviant, la question du goût mimétique n'est pas abordée dans la première moitié du débat (la seconde nous reste à parcourir). Brailler plutôt que déclamer ; transposer sans cesse ; tenter de créer une illusion parfaite de réalité quitte à sacrifier l'esthétique ; toutes choses que la voie peut-être erronée du cinéma semble avoir communiqué au théâtre. L'illusion n'est plus le moyen du rêve, mais de la représentation la plus littérale possible de la réalité.
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Stimulant, donc, malgré une vision très normée et assez incomplète des possibilités théâtrales.
On regrette qu'elle n'assiste pas aux réalisations de Piotr Fomenko : certes, adapter Guerre & Paix, ce sera la primauté accordée au texte, mais pourtant un théâtre totalement incarné et musical - même lors des séquences sans musique. La quadrature du cercle, en quelque sorte.
L'un des plus beaux souvenirs de CSS, en tout cas - théâtre et opéra confondus.
Par ailleurs, on rigole doucement lorsqu'elle cite Olivier Py comme le modèle du théâtre désincarné et antimusical. Erudite sur le théâtre antique, sans nul doute, mais son analyse du théâtre occidental contemporain est peut-être un peu courte - surtout qu'elle revendique, à l'opposé de son savoir scientifique, se référer en la matière aux avis unanimes de son entourage (on s'ennuie). C'est que l'on appelle la magie de l'illusion théâtrale...
Commentaires
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