Le piano français - type et discographie (3, Erik Satie)
Par DavidLeMarrec, vendredi 24 avril 2009 à :: Musique, domaine public - Domaine chambriste - Discographies :: #1219 :: rss
3.4. Erik Satie (1866-1925)

CSS n'est pas placé au mieux pour parler de Satie.
Son piano, qui constitue l'essentiel de son oeuvre [1], contient quantité de citations, de parodies (la plus flagrante est celle de la marche funèbre de la Deuxième sonate de Chopin) ; le contenu musical, lui, tourne souvent en rond - les partitions sont plus drôles à lire, avec les indications très précises et absurdes, qu'à entendre, en fin de compte. Ou alors, il faut goûter un certain type de référence ; et, dans ses pièces les plus sérieuses, de contemplation.
Certes, son harmonie est résolument moderne, quoique pas du tout spectaculaire. Cependant, cela ne semble souvent mener nulle part, avec le ressassement à l'infini de la même trouvaille sur toute la longueur de la pièce - ce qui peut faire long.
Par ailleurs, le ton des différentes oeuvres est finalement assez homogène ; ou très badin et léger, ou d'une contemplation douce.
[1] A part Geneviève de Brabant (son opéra pour marionnettes), Parade et la Mort de Socrate, un peu de musique de scène et un peu de musique vocale, il n'y a pas grand'chose d'autre.
Quoi écouter ?
Quelle version ?
Mieux vaut, à tout prendre, une intégrale pour trouver les pièces les moins anecdotiques - qui sont les moins fréquemment enregistrées - et surtout pouvoir mettre l'oreille sur quelque chose qui soit à son goût propre dans le lot. Malgré la grande homogénéité de ton et de couleur, Satie est l'un des compositeurs qui invente le plus de procédés subversifs dans la manière de concevoir la composition. Il n'est donc pas si inutile de disposer de tout sous la main (on peut emprunter), au moins pour connaître une fois.
L'intégrale Jean-Yves Thibaudet (Decca) est superlative ; toujours ce piano très sûr, presque léché, mais aussi un sens mélodique appréciation, et par-dessus tout une capacité à mettre en valeur les harmonies recherchées qui est très précieuse. Le sérieux qu'il y met rangerait presque définitivement ces pièces au rang d'une avant-garde incontestée, à l'abri des soupçons de fumisterie souvent exhumés pour parler de Satie (de façon très excessive, bien entendu).
A cette densité s'oppose la lecture bien plus floue du grand Aldo Ciccolini, longtemps considérée comme la référence. Beaucoup de pédale, moins de finitions, un oubli de la beauté purement musicale au bénéfice de l'anecdote. Modérément convaincante ; et il y manque des pièces redécouvertes depuis. [Parfois couplée avec une intégrale Debussy d'esthétique assez semblable.]

Enregistrements libres de droit
Rien pour la France, puisque les oeuvres d'après 1919 ne tomberont [mode d'emploi] dans le domaine public qu'en 2011. Et les autres en 2016.
En revanche, sachant qu'il existe une tolérance pour la publication de ses propres exploits, on ne peut que recommander la balade poétique de Didier da Silva autour de Satie. (Ne manquez pas non plus ses Couperin qui sont de petits miracles, tant je croyais jusqu'alors qu'il n'était pas possible de faire sonner ça sur piano.)
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A présent , nous arrivons, par ordre chronologique, dans des contrées sensiblement moins explorées.
Commentaires
1. Le samedi 25 avril 2009 à , par Didier da :: site
2. Le samedi 25 avril 2009 à , par DavidLeMarrec
3. Le samedi 25 avril 2009 à , par adriaticoboy
4. Le samedi 25 avril 2009 à , par DavidLeMarrec
5. Le samedi 25 avril 2009 à , par adriaticoboy
6. Le samedi 25 avril 2009 à , par DavidLeMarrec
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