Extrait de Salammbô de Reyer
Par DavidLeMarrec, mardi 22 décembre 2009 à :: Sigurd d'Ernest Reyer :: #1640 :: rss
[Document posté en réalité le 22 décembre 2010 pour compléter la description de la vidéo que voici.]
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(Giscon est sorti avec son escorte. Les jardins sont mis au pillage, les tables sont renversées. L'incendie commence à luire au milieu des arbres.
Les prêtresses de Tanit apparaissent au sommet de l'escalier du palais, puis Salammbô.)
CHOEUR DES PRETRESSES (joué au piano)
Tanit, déesse austère,
Qui verses sur la terre
Ton lait et ta lumière !
PRETRESSE ALTO
Tanit, astre changeant
Dans l'azur dirigeant
Ta nacelle d'argent !
CHOEUR DES PRETRESSES (joué au piano)
Tanit, ô bonté sage,
Qui vis dans ton image
Aux autels de Carthage !
PRETRESSE SOPRANO
Tanit, verse sur nous
Dans des rayons plus doux
Des regards sans courroux !
(Salammbô paraît au seuil du palais.)
LE CHOEUR DES MERCENAIRES (piano solo)
Voyez, dans sa beauté suprême
Est-ce la déesse elle-même ?
NARR'HAVAS (basse chantante)
Le regard de Tanit est moins pur et moins beau,
Et c'est la fille d'Hamilcar,
C'est Salammbô !
SALAMMBO (mezzo lyrique)
Qu'avez-vous fait ? O cité lamentable !
O Carthage ! Où sont-ils tes défenseurs, tes fils,
Qui t'avaient faite et grande et doutable ?
Où sont-ils tes guerriers qui labouraient jadis
Les flots, par qui les flots se couronnaient d'épis ?
Carthage ! ô sol sacré dont Tanit se sépare :
Cité sainte qu'insulte une horde barbare !
LE CHOEUR DES MERCENAIRES
Un éclair surhumain a brillé dans ses yeux !
On entend dans sa voix quelque chose des dieux !
SALAMMBO
Des glaives, des flambeux, courage !
Livrez au feu ce toit sacré.
Hamilcar est loin de Carthage,
Je suis seule et je m'enfuirai !
Sur ces murs de cèdre et d'ivoire
Portez vos sacrilèges mains ;
Tout y raconte notre gloire
Et les défaites des Romains !
Un serpent noir, vivant mystère,
Dort là-haut parmi les lotos ;
Pour me suivre dans ma galère,
A ma voix il fendra les flots !
O ciel, où naissent les étoiles,
Cache ton azur obscurci ;
Tanit, cache-toi dans tes voiles,
Un autre va régner ici !
CHOEUR DES PRETRESSES (au piano)
Tanit, déesse austère
Qui verses sur la terre
Ton lait et ta lumière !
SALAMMBO
Déesse, exauce-moi !
CHOEUR DES PRETRESSES (au piano)
Tanit, verse sur nous,
Dans des rayons plus doux
Des regards sans courroux !
SALAMMBO
Tanit, apaise-toi !
NARR'HAVAS
Non ! ne redoute rien, ô vierge, de leurs armes !
Qui voudrait de tes yeux faire couler des larmes ?
Chacun de nous, frappé de respect, transporté
D'amour, en toi, grâce exquise, ô beauté,
Voit la divinité
Qui règne en sa patrie !
LES EGYPIENS
Isis !
LES ITALIOTES
Vesta !
LES SPARTIATES
Pallas !
LES SYRIENS
O Vénus Astarté !
LES ITALIOTES
Vesta !
LES IONIENS
O Vénus Uranie !
MATHOS (ténor dramatique)
Oui, devant toi, qui de nous
Ne sent fléchir ses genoux ?
SALAMMBO
Comme gage de paix et d'heureuse espérance,
Soldat, prends cette coupe, où de mes mains versés
Les flots de ce vin pur scellent notre alliance.
Bois, soldat ! Sois heureux.
AUTHARITE (chef des Gaulois, basse chantante)
Salut aux fiancés !
NARR'HAVAS
Que dit-il ?
MATHO
Que dit-il ?
SPENDIUS (baryton lyrique)
Il dit vrai ! Verser dans un cratère
Le vin pur, et l'offrir à quelqu'homme de guerre,
Aux pays des Gaulois, c'est offrir son amour !
MATHO
Je bois à Salammbô ! J'accepte cet augure !
NARR'HAVAS
Je l'aime, et depuis plus d'un jour,
Entends-tu bien ?
MATHO
Je l'aime, et pour jamais !
(Narr'Havas se précipite sur Mâtho et le frappe de son poignard.)
MAHO
Parjure !
(Il prend une table et la jette à Narr'Havas qui s'enfuit. Salammbô et les prêtresses ont disparu. Les mercenaires se dispersent.)
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