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Le niveau monte - (l'âge d'or instrumental)


Et ce n'est pas ironique.

Comment peut-on affirmer que l'on joue mieux aujourd'hui qu'au XVIIe siècle ?

Je vois trois raisons qui me paraissent, combinées, rendre difficiles les hypothèses inverses.

1) On dispose de témoignages qui nous décrivent les compositeurs insatisfaits ou les chanteurs braillards. Fort bien, après tout ça arrive à toutes les époques. Néanmoins, on n'entend plus cela à propos de la musique contemporaine, qui est exécutée avec rigueur, quoique fort exigeante.

2) Aujourd'hui, les compositeurs les plus timbrés n'arrivent pas à dépasser le niveau des meilleurs interprètes (l'Intercontemporain peut vraiment jouer n'importe quoi et à une difficulté folle, sans la moindre faiblesse). Dans les siècles antérieurs, la ligne d'horizon technique la plus extrême était beaucoup moins exigeante !
Autrement dit, les interprètes sont capables de jouer parfaitement des choses bien plus difficiles que le plus difficile d'autrefois, sans être le moins du monde dépassés par la tâche.

3) L'étude de l'évolution de la musique enregistrée depuis un siècle fait voir des progrès instrumentaux, dans la technique et surtout dans la rigueur, qui sont absolument phénoménaux. Les orchestres des années cinquante (et on a de bonnes captations à cette époque) n'ont pas vraiment de cohésion, les imprécisions sont très nombreuses dès que le répertoire est un peu compliqué (à partir de Wagner, disons), la justesse et les pains sont aléatoires. (J'avais donné l'exemple cruel d'un pupitre d'alto parisien dans les années soixante.)

Bref, je ne vois pas trop ce qu'on peut supposer d'autre que le fait que les ensembles d'époques crincrinnaient sûrement beaucoup plus que Les Musiciens du Louvre-Grenoble - et coupaient moins génialement les cheveux en quatre, c'était avant tout du divertissement consommable ou du décorum fonctionnel, tout de même !).

De toute façon, il est impossible de récréer l'authenticité : alors que l'on reproduirsait le son exact, comme nous n'avons pas la même culture que les gens du XVIIe (il nous en manque, et il y a surtout tout ce qui a suivi musicalement...), que nous ne l'écoutons pas dans les mêmes lieux, dans les mêmes conditions de distraction, ni avec les mêmes attentes, on ne pourra jamais ressentir ce qu'ils ressentaient. Alors, autant faire mieux !


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Commentaires

1. Le mercredi 3 mars 2010 à , par arnaud bellemontagne

Tout à fait d'accord ,la question de "l'execution" ne se pose plus comme c'etait le cas il y a une cinquantaine d'années (il suffit par exemple de lire le temoignage de Boulez a propos des interpretations du corpus de l'Ecole de Vienne terriblement deficientes à l'époque);comme tu le dis, un ensemble comme l'Intercontemporain peut jouer n'importe quoi (et dans n'importe quelle position ^^).
Desormais, le problème reside uniquement dans la "reception" des oeuvres par le public.

2. Le mercredi 3 mars 2010 à , par DavidLeMarrec

Effectivement, puisque chaque créateur est en droit de recréer (et plus encore, on l'attend de lui) son esthétique propre. Du coup, pour le pauvre bougre qui bosse la journée, ça devient difficile à suivre, tous ces compositeurs qui passent leur vie à inventer un nouveau langage autonome. :)

3. Le vendredi 5 mars 2010 à , par Algernon

Quant au niveau choral, c'est quasiment incomparable, puisque le choeur est devenu un instrument !

4. Le dimanche 18 avril 2010 à , par miaou

en ce qui concerne la différence de niveau des orchestre des années cinquante a nos jours est t'il raisonnable d'établir une comparaison avec les enregistrements d'aujourd'hui? quand on sait qu'avec la technologie moderne on peut redresser des lignes musicales fausses simplement en appuyant sur un bouton?
et le montage aussi!!! découper l'œuvre en plusieurs morceau et recoller les morceau?
concernant le commentaire de mr Algernon (Quant au niveau choral, c'est quasiment incomparable, puisque le chœur est devenu un instrument !) cela prouve que l'on est a coté de la plaque un chanteur ne doit jamais passer pour un instrument par contre tous instrumentistes doit penser comme un chanteur
(Aujourd'hui, les compositeurs les plus timbrés n'arrivent pas à dépasser le niveau des meilleurs interprètes (l'Intercontemporain peut vraiment jouer n'importe quoi et à une difficulté folle, sans la moindre faiblesse). Dans les siècles antérieurs, la ligne d'horizon technique la plus extrême était beaucoup moins exigeante ! ) qui vous dit que ce cela n'aurait pas été le cas dans des temps plus ancien??? simplement personne n'a voulu explorer ces limites musicales qui n'était pas du tout au gout de l'esthétique de l'époque (ni d'aujourd'hui d'ailleurs!!)

bref!!! comparaison est loin d'être raison!!!!!!

5. Le dimanche 18 avril 2010 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Miaou,

Et merci pour vos remarques.

Je crois que vous négligez quelques paramètres.

Concernant la technologie. Lorsque j'écoute Wagner ou Debussy joués par les grands orchestres dans les années 50, alors même qu'on n'entend pas toujours bien l'orchestre, je peux entendre très distinctement des erreurs de mise en place et des fausses notes.
Lorsque je vais entendre un orchestre de province français comme je l'ai fait pendant des années, je n'entends pas cela, c'est toujours exactement exécuté.
Ca ne signifie rien au niveau de l'intérêt de l'interprétation, mais en ce qui concerne le niveau technique en tout cas, on ne peut pas tricher. Ou alors il faut supposer que les enregistrements de radio des années 60 inventaient des pains, et que la technologie corrige en temps réel les décalages quand je suis dans la salle, sans que personne ne s'en rende compte...

Concernant les choeurs. C'est votre avis, qui est respectable en soi, mais qui n'a rien d'un impératif. Au contraire, les chanteurs ont beaucoup gagné à se considérer comme des musiciens (et niveau rigueur, il reste encore des progrès notables à accomplir pour certains), et les musiciens doivent certes apprendre à "faire chanter" leurs parties, mais selon les spécificités de leurs instruments. Et après tout, sont-ils vraiment obligés, pour les instruments non monodiques, de privilégier la mélodie principale sur le reste ?
Bref, pour moi, c'est vraiment une question de choix personnel de l'instrumentiste ou de l'auditeur, et il n'est pas possible de le généraliser à coups de "il faut".

Enfin, ce qui me dit que la capacité de tout jouer n'existait dans les temps anciens, je l'ai détaillé dans la notule à laquelle vous répondez, mais je reprends mon exemple : si on lit les témoignages des compositeurs, au XIXe ils (Beethoven, Berlioz...) se lamentaient de l'incapacité des musiciens à exécuter convenablement leur musique. Si on écoute des compositeurs difficiles à mettre en place (Wagner, Debussy, Strauss, Scriabine, Berg, Stravinsky...) dans les enregistrements de la première moitié du XXe siècle, on entend beaucoup de déchet technique, même chez les grands chefs et les grands orchestres (les Strauss à Vienne dans les années cinquante, c'est pas franchement impeccable).
Ca prouve donc bien que les meilleurs instrumentistes n'étaient pas capables de jouer parfaitement ce qui était déjà au répertoire... Alors les folies les plus furieuses des compositeurs.


Par ailleurs, je ne vois pas trop ce qu'il y aurait de scandaleux à observer que finalement la qualité a augmenté. Tant mieux pour tout le monde. Ca prouve que la réflexion sur l'apprentissage a progressé, ce n'est pas comme si on théorisait le déclin, qui se serait inquiétant, insultant, etc.


Bonne journée !

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