Vourc'h & Wagner - Quand les finnois composent en français
Par DavidLeMarrec, mercredi 21 mars 2012 à :: Poésie, lied & lieder - Mélodie française - Saison 2011-2012 :: #1940 :: rss
Récital Karen Vourc'h et Vanessa Wagner à l'auditorium du Musée d'Orsay.
Mélodies françaises (dont certaines par des compositeurs finnois) et mélodies en bokmål et nynorsk de Grieg, en suédois et en finnois de Sibelius.
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Dans le désordre, tel que fourni sur le site du Musée :
Jean Sibelius
Depuis lors je n'ai plus posé de question op. 17 n°1
Une libellule op. 17 n°5
Chant I du Kalevala
Les trois soeurs aveugles, op. 46 n°5
Deux mélodies de Shakespeare, Op. 60
Erkki Melartin
La Lune blanche, op. 19 n°2
Reynaldo Hahn
L'Heure exquise
Leevi Madetoja
Romance sans parole ("Il pleure dans mon coeur"), op. 36 n°1
Mélodies op. 44
Claude Debussy
Il pleure dans mon coeur, extrait des Ariettes oubliées
Clair de lune, FL 45
Edvard Grieg
Au temps des roses
Un rêve
Un cygne
Danse des chevreaux
Quatre mélodies du coeur
Gabriel Fauré
Clair de lune, Op. 46, no 2
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Outre le programme passionnant, il était intéressant d'entendre Karen Vourc'h pour la première fois en salle. Voix assez étonnante, un profil à la Manfrino : très délicate et sensible, admirablement articulée et expressive dans le grave, et un aigu qui, surtout dans le forte, se révèle souvent strident (même problème de passage[ que pour Manfrino qui devient opaque et lourdement vibrante, ou pour Cécile Perrin qui utilise une voix mixte tête / flageolet un peu agressive).
L'irrégularité de Vourc'h (que j'avais autant détestée en Mimì qu'adulée en Mélisande) s'explique donc par des caractéristiques techniques assez précises.
Extrêmement convaincante dans les deux idiomes norvégiens, avec un opus 5 de Grieg merveilleux, finesse de phrasé, finesse de mots, voix délicate.
Convaincante en français, du moins dans les mélodies pas trop aiguës, les autres étant un peu plus douloureuses.
La partie Sibelius du programme était moins intéressante de toute façon (toujours cette prosodie plate et cette inspiration mélodique parcimonieuse), et Karen Vourc'h sonnait infiniment moins bien, bizarrement, en suédois. Luonnotar (en finnois donc) qui terminait le récital était même assez difficile à entendre, tant les hurlements faisaient peine, avec une voix certes sonores, mais rigidifiée, opacifiée et criée...
Une image, donc, qui oscillait de l'inspiration suprême de sa Mélisande (ici présente dans les Grieg) à l'effondrement spectaculaire de sa Victoire de la Musique il y a quelques années (un duo de la Bohème gris, crié et faux).
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Globalement un très beau récital, avec une véritable pianiste (du son, de la maîtrise) que j'étais content d'entendre pour la première fois en concert (même si l'on reste très loin de ses Debussy de studio ou de ses concerts de "grand répertoire" en solo).
Et surtout un programme formidable, entièrement rare (à l'exception des Verlaine de Fauré, Debussy et Hahn), et aux deux tiers passionnant (si j'excepte les Sibelius, donc).
La section consacrée aux adaptations de Verlaine par Ekki Melartin et surtout Leevi Madetoja ("Il pleure dans mon coeur", avec des figuralismes pluvieux extraordinairement répétitifs, magnétiques et mornes à la fois !) était particulièrement gourmande.
Au passage, j'ai remarqué quelques apparitions de [r] roulés assez bizarres et arbitraires alors qu'elle chante essentiellement en uvulaire avec beaucoup de bonheur.
Commentaires
1. Le mardi 10 février 2015 à , par Benedictus
2. Le mercredi 11 février 2015 à , par DavidLeMarrec
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