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Troisième Symphonie de Mahler, adieux et bilan de Paavo Järvi à Paris


Écrit ceci pour les voisins, mais je me dis que ce peut être une archive utile vers laquelle renvoyer, lorsque je me plaindrai de la programmation germnique tradi de Harding, ou de la baisse de niveau, comme se doit de faire tout vieux mélomane.

J'ai été frappé par la diversité de la manière de Järvi, vraiment différente d'une œuvre à l'autre : la tension jamais relâchée dans la Cinquième de Tchaïkovski ou dans les 5,6,7 de Sibelius, la discontinuité assumée dans la Cinquième de Bruckner… ce soir, c'était encore différent, avec la même science des tuilages et des transitions (pour un chef aussi rigoureux, la battue reste très mobile dans les ponts, beaucoup de changements de tempo très adroits pour joindre deux sections), sans chercher à bâtir une arche continue, se laissant le loisir de visiter les épisodes secondaires sans toujours regarder vers l'apothéose finale.

C'était absolument parfait effectivement, et même dans les mouvements centraux moins substantiels, le temps passait comme rien – alors que j'avais trouvé ça assez long avec Cleveland et Welser-Möst, parce que tous les phrasés retombaient au lieu de s'enchaîner aux suivants (à rebours de la logique de ce qui est écrit, donc).

On mesure l'effet du travail de Järvi lorsqu'on entend le bis préparé par Aïche : tout à coup, indépendamment des approximations, le spectre sonore se bouche et s'effondre (alors que tous leurs Sibelius avec Järvi sont aérés, incisifs, verts !). Espérons que Harding continue à les faire travailler !

En tout cas, un mandat formidable, aussi bien pour la programmation originale (Rott, Nielsen, Ives, Tubin, Pärt, Amérique Latine…) que pour les interprétations de référence entendues à chaque fois sous la baguette de Järvi (jamais entendu de meilleurs Bruckner, de meilleurs Tchaïkovski, de meilleurs Mahler, de meilleurs Sibelius…).


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Commentaires

1. Le jeudi 30 juin 2016 à , par Faust

Le mélomane vieillissant a toujours tendance à idéaliser ce qu'il a entendu dans le passé ... Il doit donc souvent se tromper !

Je crois que l'on peut regretter le départ de Järvi. Il ne reviendra sûrement pas les diriger. Il faudra se contenter de tournées au TCE avec les orchestres qu'il dirige, sans doute ?

Faut-il en conclure que l'orchestre de Paris, une nouvelle fois, ne déroge pas à sa réputation ? Je ne sais pas les raisons exactes du départ de Järvi, mais si personne ne s'est rendu compte qu'il fallait à tout prix le garder, c'est tout de même assez grave !

On devra donc se consoler avec Mikko Franck, en espérant qu'il ne finisse pas par partir lui aussi, car rester dans une maison de fous, c'est toujours un peu difficile !

2. Le vendredi 1 juillet 2016 à , par antoine

David, ravi de constater que vous êtes devenu un inconditionnel de Rott, enfin!! Hier, sur radio-classique, j'ai écouté en voiture, son quasi au maxi, le scherzo par Järvi, totalement électrisant...

3. Le dimanche 3 juillet 2016 à , par DavidLeMarrec

@ Antoine : Tout vient à point à qui sut attendre. Effectivement, j'écoute aussi de façon de plus en plus rapprochée le quatuor – vous aviez raison, là aussi, un petit monument.
Pour le reste, ce qui nous parvient est davantage de l'ordre de l'étude (la symphonie en la bémol, la suite en si bémol, les ouvertures…), mais il reste encore pas mal de choses à rendre disponible, donc on pourrait toujours avoir de bonnes surprises.

Le scherzo de Järvi (celui de Rückwardt aussi) est superbe, mais c'est surtout dans les mouvements extrêmes que sa tenue de tension explose toute comparaison (sauf avec Rückwardt, mais il y a forcément de petites scories instrumentales chez l'Orchestre du Théâtre de Mainz).

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@ Faust :

Le mélomane vieillissant a toujours tendance à idéaliser ce qu'il a entendu dans le passé ... Il doit donc souvent se tromper !

Ça arrive même très vite : un spectacle trouvé un peu long peut laisser une impression fondamentale et durable dès la sortie (Onéguine dans l'adaptation de Tuminas, c'était frappant pour moi…).


Je crois que l'on peut regretter le départ de Järvi. Il ne reviendra sûrement pas les diriger.

C'était mon hypothèse initiale, mais il a été annoncé, lors des adieux, qu'il reviendrait chaque saison les diriger (à part la prochaine, où il vient tout de même à la Philharmonie avec sa nouvelle NHK).


Faut-il en conclure que l'orchestre de Paris, une nouvelle fois, ne déroge pas à sa réputation ? Je ne sais pas les raisons exactes du départ de Järvi, mais si personne ne s'est rendu compte qu'il fallait à tout prix le garder, c'est tout de même assez grave !

Il semble apprécié du public comme des musiciens, mais je me suis fait la remarque aussi : quand on a une telle poule aux œufs d'or qui combine à la fois les progrès avec un orchestre réputé pour être difficile à manœuvré, l'adhésion du public et l'effet réputation du chef en pleine ascension qui rejaillit sur l'orchestre, on aurait dû tout faire pour le conserver au chaud avant qu'il ne devienne chef à vie du Philharmonique de Berlin…

Après, je ne suis pas dans le secret des dieux, ça a peut-être été tenté, et il n'avait effectivement, à ce stade de sa carrière, aucune raison de rester à l'Orchestre de Paris – un poste encore enviable à l'époque où il sortait de Cincinnati et arrivait à Francfort, mais maintenant, il doit pouvoir avoir beaucoup plus de portes qui s'ouvrent, je suis étonné qu'aucun très grand orchestre ne se le soit encore arraché (ça fait plus de dix ans que tout le monde sait que c'est un très grand). Je suis toujours assez étonné par le fonctionnement des hiérarchies dans ce milieu : tout le monde voit bien (et admet ouvertement) que Järvi est d'une autre trempe que Mehta ou Barenboim, mais ce seront eux qui seront mandatés pour les grands événements, qui seront courtisés par les grands orchestres… quel intérêt ?  D'autant qu'à très peu de cas près (Barenboim, peut-être), ce ne sont pas les noms des chefs qui font déplacer le public susceptible de remplir régulièrement une très grande salle.

On devra donc se consoler avec Mikko Franck, en espérant qu'il ne finisse pas par partir lui aussi, car rester dans une maison de fous, c'est toujours un peu difficile !

Mikko Franck n'a pas tout à fait le même statut (et n'est pas toujours autant apprécié hors de France), mais oui, lui aussi est une bénédiction, il tire à chaque fois le meilleur de cet orchestre, et son répertoire est toujours intéressant. Il est possible que ses difficultés de santé le rendent moins mobile, que toutes les maisons ne veuillent pas s'embarrasser de ces contraintes ou aléas, et qu'il soit un peu plus incité à ne pas quitter un endroit où il a ses habitudes… En tout état de cause, sa carrière en est à un moment où diriger un grand orchestre de radio n'est vraiment pas infamant.

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David Le Marrec

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