[Carnet d'écoutes n°111] – cycle John Adams
Par DavidLeMarrec, lundi 2 octobre 2017 à :: Musicontempo :: #2962 :: rss
Vraiment une chouette pièce… j'aime beaucoup les boucles décalées qui créent de nouvelles associations mélodiques (on est assez proche de Short Ride in a Fast Machine, les glissements harmoniques qui rendent l'aspect répétitif intéressant… et le décalage avec le poème, bien sûr. Henschel s'en tire remarquablement, moins moelleux que Finley, et peut-être plus encore en maîtrise, plus franc – la mise en scène, en revanche, ne joue pas dans la même cour, Sellars réussit vraiment son effet.
♦ Doctor Atomic, « Batter my heart ». Henschel à Strasbourg.




L'orchestre a ses limites dans cette musique, mais la beauté de la musique est vraiment saisissante : ni rengaine, ni abstraction, l'exotisme du texte… et surtout ces interludes en boucles décalées, dont les textures se mélangent au fil des réitérations.

Henschel, dont on dit régulièrement qu'il est fini (et qui a ses irrégularités) tient remarquablement la tessiture très tendue, avec beaucoup d'expression.
En tout cas, une scène qui marque.
♦ Doctor Atomic, « Batter my heart ». Finley à Amsterdam (Philharmonique des Pays-Bas).




Finley est plus vaillant mais aussi plus en force que Henschel, portrait assez différent, dans une mise en scène autrement marquante (Sellars montre sa maîtrise ici…). Le Philharmonique des Pays-Bas, qui assure la majorité des soirées à l'Opéra d'Amsterdam (où tournent les autres orchestres néerlandais : Concertgebouw, Rotterdam, La Haye, etc.) montre de quelle étoffe il est fait, d'une virtuosité et d'un éclat qui évoquent le LSO…
♦ Doctor Atomic Symphony – St-Louis Symphony, Robertson (Nonesuch).




La matière musicale est superbe, mais je trouve ça moins fort retiré de son contexte dramatique, en bonne logique. Interprétation assez molle de Robertson et timbres un peu ternes de l'orchestre, aussi. Néanmoins l'une de rares œuvres lyriques à pouvoir survivre musicalement hors contexte.
♦ Guide to Strange Places – St-Louis Symphony, Robertson.




Peut-être l'Adams que j'aime le plus. Dans une veine similaire aux ritournelles de Batter, avec ces pépiements et ces décalages, mais avec une véritable qualité poétique qui se passe très bien, cette fois, de texte.
♦ Harmonielehre – San Francisco Symphony, De Waart (Nonesuch).



Côté très décadent et assez schrekerien, comme tout le monde a dit. Cela dit, pour admirable qu'il soit, c'est une œuvre qui me paraît tout de même un peu froide dans sa perfection profusive. Elle ne suscite pas beaucoup d'affects en moi en tout cas.
♦ Chamber Symphony – London Sinfonietta, Adams



Bien.
♦ Grand Pianola Music – London Sinfonietta, Adams




Étrange (en particulier la fin avec le piano chopinien), mais toute cette musique hétéroclite me séduit, tout est à la fois accessible et sophistiqué, familier et personnel. Très belle réussite.
♦ Short Ride in a Fast Machine – San Francisco Symphony, Tilson-Thomas.




Prise de son un brin terne, comme souvent dans les SFSO-MTT, ça n'a pas le même impact que De Waart, par exemple (et même Alsop, c'est dire…).
♦ Concerto pour violon – Hoppe, MDR Leipzig, K. Järvi












Le mystère des tartelettes :
Que signifie la tartelette au citron ?
D'ordinaire, sur Carnets sur sol, j'utilise le putto d'incarnat comme unité de mesure, mais lorsqu'il s'agit de contributions importées, je peux laisser les tartelettes au citron par commodité. Elles ont le même sens.
C'est une notation subjective, qui ne prend pas en compte la qualité de l'oeuvre, mais seulement le plaisir que j'ai à l'écouter. Y chercher une hiérarchisation de l'histoire de la musique serait s'exposer à de spectaculaires désillusions.
L'interprétation n'entre pas en ligne de compte, elle est au besoin précisée en commentaire.
La tartelette au citron est signe que j'ai été séduit : ce n'est pas une note sur 5 ! (Trois tartelettes, ce sont déjà des œuvres vivement recommandées.)

Une oeuvre agréable, qui n'appelle pas forcément la réécoute.
Exemple : Certaines symphonies de Vaňhal ou Stamiz ; la plupart des opéras de Donizetti.


Une oeuvre intéressante, qui méritera d'être réécoutée de temps à autre.
Exemple : La musique de chambre de Spohr, les sonates de Mozart.



Une très belle oeuvre, qui appelle des écoutes régulières.
Exemple : La Traviata. Siegfried.




Un chef-d'oeuvre, une des oeuvres importantes à connaître et à réécouter abondamment.
Exemple : La musique de chambre de Czerny. Tristan.





L'une des quelques oeuvres qui me sont extrêmement chères.
Exemple : Le Via Crucis de Liszt. La Nuit Transfigurée de Fried.
Ainsi, hormis la tartelette seule qui est un peu mitigée (oeuvre agréable mais oubliable), la seule présence de tartelettes au citron indique que j'ai aimé.
Ce n'a donc rien à voir avec les étoiles « objectives » des magazines qui donnent ou pas la moyenne aux enregistrements.
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En revanche, exceptionnellement, il arrive que je distribue des tartelettes au citron meringué, qui est à la vraie tarte au citron ce que les persécutions nazies sont à la paix romaine.

Je n'ai pas aimé du tout, du tout. Ça ne me parle pas.
Exemple : L'oeuvre orchestrale d'Olga Neuwirth.


C'est insupportable, grotesque, scandaleux. Et surtout ça fait mal.
Exemple : L'oeuvre pour orgue de Philip Glass.



Je suis mort.
Commentaires
1. Le lundi 2 octobre 2017 à , par Benedictus
2. Le mardi 3 octobre 2017 à , par Benedictus
3. Le mardi 3 octobre 2017 à , par DavidLeMarrec
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