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mercredi 27 décembre 2006

Suppressions

Depuis quelques jours, apparaissent sur la liste de liens des sites qui ne sont absolument pas des 'voisins' ou même des sites extérieurs qui citeraient CSS. Ce n'est pas bien grave, mais la masse devient telle qu'il n'est quasiment plus possible de lire les adresses réelles - c'était la solution que j'avais retenue pour obtenir une liste de liens dynamique vers ceux que je visite le plus souvent.

Cependant, problème plus important, certains liens sont même encombrants. Je ne suis pas particulièrement gêné que ce soient des partis politiques (oui, l'UMP s'incruste partout, on dirait) ; en revanche, pour les sites commerciaux proposant des services inavouables, je suis beaucoup moins enthousiaste, surtout qu'apparaître cité en lien améliore à bon compte leur référencement. Et que je ne tiens nullement à être affilié en quelque manière à ces 'institutions'.

Aussi, je penche pour la suppression de ce module, sans avoir trouvé pour l'instant de solution alternative satisfaisante pour saluer mes voisins de Toile.




Je vais en profiter pour essayer de faire la peau à cette fenêtre publicitaire intempestive que même Opera ne bloque pas, et dont j'ignore la provenance. Quand c'est Action contre la faim, ce n'est gênant que d'un point de vue pratique et on s'en accommode fort bien, mais lorsque c'est pour la promotion de casinos en ligne (paraît-il déjà assez phagocytés par la mafia, et surtout illégaux en France), je suis nettement moins enthousiaste.

Bref, quelques modifications en perspective dans les prochains jours. Du moins à l'étude.

Paradoxes (apparents) de la morale électorale


Certaines considérations sur la présence de J.-M. Le Pen à l'élection présidentielle, depuis fin 2001, reviennent sans cesse, en permanence contradictoires et volontiers moralisantes. J'y reviens en examinant de plus près le paradoxe en présence.




Premier élément, Le Pen est l'Antéchrist (si j'ose dire), un Hitler en puissance, l'ennemi de la démocratie, ce qu'on peut imaginer de pire. Dans ce cas, et fort logiquement, on ne discute pas avec lui, et on fait en toute circonstance union contre ses idées. C'est une première attitude cohérente.
Autant le geste de la protestation civique entre les deux tours de 2002 était tout à fait louable, chacun pouvant exprimer que, décidément, non, il ne se retrouvait pas dans cette photographie politique de son pays, autant le traitement militant des médias était fort déplacé et parfaitement anticonstitutionnel, en incitant à la résistance souvent explicitement. A partir du moment où ils prétendent à l'objectivité, ce n'était pas leur rôle, et la campagne, strictement règlementée, ne permet pas que la publicité électorale se poursuive jusqu'au jour du vote. La chose aurait mérité une annulation du second tour - on aurait obtenu sensiblement le même résultat, mais on aurait donné matière à réflexion.
Bref, si on juge les idées haineuses véhiculées par ce parti indignes d'être portées sur la place publique, on ne débat pas, et c’est en toute logique.

A l'opposé, on entendait déjà en 2001, et de façon persistante aujourd'hui, car les problèmes de recueil de signatures seront réels[1], qu'il serait scandaleux que Le Pen qui représente cinq millions d'électeurs ne puisse se présenter faute de signatures. Parfois, ce sont les mêmes analystes qui le disent.
Qu'on le trouve anormal, encore une fois, cela s'entend : "quelles que soient ses idées, le parti est légal, il a le droit de les exprimer dans le débat public et le doit puisqu'il rencontre un électeur". C'est à ce compte-là considérer qu'au fond, le nombre d'électeurs légitime une idée, quelle qu'elle soit.

On voit la contradiction insoluble dans laquelle cela nous entraîne : tous unis contre Le Pen par tous les moyens, mais qu'il soit absent serait un déni de démocratie. Ou plutôt : il faut absolument que Le Pen soit présent à l'élection présidentielle, mais il lui est interdit de gagner.
Etrange chose que nous avons vécue en 2002. Que Le Pen soit absent, quelle folie ! Mais lorsque, par un concours de circonstances plus que par une adhésion supérieure à l'habitude, il s'est retrouvé au second tour, il était interdit ne serait-ce que d'évoquer ses idées.
Bref, en toute générosité, les gardiens de la bonne pensée lui donnent le mandat pour concourir, mais il est exclu de la distribution des lots.




La tension insoluble (et hypocrite) paraît évidente. A présent : pourquoi cette tension ?

La chose est assez simple : la question est étudiée à rebours, sous l'angle de l'idéologie préalable. Il faut être contre les racistes et il faut être démocrate à la fois. On aboutit à ce non-sens.

Si l'on prend ce raisonnement à rebours, on aboutit à une position beaucoup plus tenable.

Le Front National est un parti légal à l'heure actuelle. Il faut ou choisir de l'interdire, ou accepter sa présence comme légitime, et qu'il ait par conséquent droit au débat. Mais le nombre d'électeurs ne garantit pas la vertu ou l'intérêt du parti, et si les parrainages existent, il s'agit précisément de limiter des candidatures fantaisistes qui perturberaient le débat et les résultats obtenus dans un contexte stable. Le Front National n'est pas le parti du diable, il s'y trouve toutes sortes d'électeurs bien différents, qu'on ne peut réduire à leurs idées, et encore moins à leur vote. Le parti lui-même n'a pas une idéologie bien définie, au delà des idées connues de ses dirigeants.
C'est bien pourquoi, si le Front National a droit au débat, il est également soumis aux mêmes contraintes que les autres partis : si le candidat, par la nature de ses déclarations violentes, par l'ambiguïté de ses positions, par le fonds idéologique qu'il véhicule ne parvient pas à se donner une image de sérieux suffisante pour obtenir les parrainages, il n'y a là aucun scandale, mais simplement le respect de la loi électorale. Tant que celle-ci n'est pas modifiée, ce fonctionnement est logique et légitime.

On résoud de la sorte toute la tension préalable. Il ne s'agit pas de se battre pour que le Front National se présente en lui interdisant de s'exprimer. Il s'agit de lui accorder strictement les mêmes droits qu'aux autres. Si le parti n'est pas interdit, il est libre de s'exprimer dans les limites prévues par la loi. Si le candidat obtient ses parrainages, remporte une place au second tour, c'est normal. [Le résultat de la dernière présidentielle, vu son score au second tour, pose plutôt la question de la fiabilité de ce mode de suffrage que le problème de la flambée de l'extrême-droite, en réalité.] Rien n'empêche d'ailleurs la protestation civique en cas de besoin.
Mais si le candidat n'a pas ses signatures, en l'occurrence, ce n'est pas par un hasard malheureux, mais bien en souvenir de ses positions présentes ou passées, ce n'est en rien innocent. Il n'y aurait par conséquent aucun scandale à cela. Les électeurs mécontents peuvent, eux aussi, faire une démarche civique auprès de leurs élus s'ils craignent que le nombre de parrainage soit dommageablement insuffisant pour la participation de leur candidat.




Bref, le paradoxe se résout très facilement, pour peu qu'on ne catégorise pas a priori selon des schémas moraux prêts à emploi. Et il serait reposant qu'on cesse de nous rebattre les oreilles avec ce qui n'est, en somme, qu'un exercice banal de la démocratie : un parti légal aux idées marginales se présente ; de ce fait, il ne plaît pas forcément, et pour cela même, pourrait ne pas obtenir les autorisations pour concourir.

Il ne reste plus qu'à recourir aux petites annonces :

DLM en état de marche cherche scandale désespérément pour billet enflammé et vertueux.




Mais forcément, l'indignation vertueuse se vend mieux chez les commentateurs que l'observation mécanique des moyens de régulation de la peu chaleureuse loi électorale.

Notes

[1] Vu que cette candidature a pris une autre envergure, le don de signature ne peut plus être à la légère.

David Le Marrec

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