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Poulenc en anglais & Barber en français - [Le Roux, Cohen, Adyar]


[On en profitera, comme d'habitude, pour proposer une présentation des corpus.]

La toute jeune Association Capricorn (2009 !), consacrée au rayonnement français de la musique de Samuel Barber, produisait un récital très intéressant dans le cadre confortable (acoustiquement) d'un des tout petits théâtres de Paris, la Salle Adyar. S'y croisaient mélodies et songs des deux compositeurs, grands amis, avec une brève présentation de Pierre Brévignon, président de l'Association, et quelques indications remarquablement érudites (et claires), lors des bis, de François Le Roux.

Le concert, filmé sous plusieurs angles, sera sans doute disponible auprès de l'association.


Très joli parallèle visuelle de la plaquette, dont nous conservons donc l'illustration pour notre compte.


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1. Contenu

Les partenaires de toujours, François Le Roux et Jeff Cohen, interprétaient le programme suivant, contenant un certain nombre de classiques, marqués par des astérisques (même si on les entend peu en concert !), et aussi des choses rares. Les deux compositeurs, et singulièrement Barber, étant peu servis au concert (et encore moins ensemble !), c'était de toute façon une occasion délectable.

Francis POULENC : Fancy
Francis POULENC : 2 Poèmes de Louis Aragon**
Samuel BARBER : Hermit Songs**
Francis POULENC : Banalités**

ENTRACTE

Samuel BARBER : Mélodies Passagères*
Francis POULENC : Tel jour, telle nuit
Samuel BARBER : 3 Songs Op.45

Bis :
Francis POULENC : Dernier poème
Samuel BARBER : Last song
Francis POULENC : Fancy

Je précise peut-être par honnêteté, pour que le lecteur ait une idée d'où je parle, que Poulenc, n'est pas, et de loin, le compositeur de mélodies qui m'est le plus cher. J'y trouve des platitudes prosodiques ou des trivialités qui me font lui donner une place moins centrale que celle qu'il occupe généralement lorsqu'on parle de mélodie française. De façon un peu différente, alors que j'admire sans bornes Barber dans sa musique pour piano et que je rêve d'une remise à l'honneur de Vanessa sur les scènes, ses deux grands cycles de mélodies m'avaient jusqu'ici peu bouleversé.

Ce récital confirme certaines choses qu'on peut entendre au disque, mais que les quantités homéopathiques administrées lorsque ces compositeurs apparaissent dans un programme ne permettent que rarement de vérifier sur scène.

Les mélodies de Poulenc sont toujours écrites dans un entre-deux mêlant la consonance agréable, presque rétrograde, et des sortes de distorsions harmoniques, comme si les accords étaient perçus par un miroir déformant. C'est idéal pour le ton burlesque qu'il affectionne, pour cette écriture sans façons qui entre très bien en résonance avec la désinvolture, fausse ou réelle, affichée par ses poètes.
On retrouve néanmoins ici, dans ces abondantes pièces, une forme de recette récurrente, que ce soit avec les cavalcades à la façon de catalogues (tournures mélodies et rythmiques, "solutions" de composition très proches), ou bien avec ses mélodies un peu psalmodiées, soit un peu peu plates (notes répétées ou très conjointes), soit assez déceptives, refusant résolument le moindre lyrisme, assumant et revendiquant un prosaïque parfois un peu frustrant. Par ailleurs, sa fascination pour la litanie est patente, aussi bien dans le choix des poésies que dans les formes répétitives de son écriture ou dans l'aspect des mélodies.

Fancy (1959) est la seule mélodie en anglais de Poulenc, sur un extrait délicieux du Marchand de Venise de Shakespeare (III,2), très consonante sans jamais donner dans la naïveté, quelque chose d'une chanson ancienne rieuse teintée de romantisme légèrement mélancolique. Très beau. La pièce est redonnée comme dernier bis, de façon très avisée.

Les Deux poèmes de Louis Aragon ("C" et "Fêtes Galantes", 1943) sont très souvent enregistrés et assez régulièrement joués. On retrouve ici la poésie un peu paresseuse d'Aragon, avec ses fulgurances de vocabulaire d'un premier jet inspiré, mais comme sans retouches, avec un sens flou, des parallélismes faciles, une cohérence sacrifiée à une jolie consonance, etc.
Poulenc en tire de belles choses poétiques dans "C", en donnant presque un sens narratif à ce non-sens : en ce qui concerne Aragon, la recherche du son avec un sens très décousu et une syntaxe indéfinie a quelque chose d'un futurisme à la russe, avec "le mot en tant que tel" de Khlebnikov et Kroutchonych (de sens moins précis que l'un, sans verser dans l'abstraction phonématique de l'autre), mais avec quelque chose d'un peu mol et galant.
"Fêtes galantes" est l'une des nombreuses cavalcades prisées par Poulenc, très réussie, qui donne vu la rapidité du débit la priorité au flux musical, ce qui diminue peut-être la richesse de sens du poème, mais qui lui permet aussi de survivre de façon convaincante - alors qu'à la lecture, on peut discuter...

Les Banalités (Chanson d'Orkenise ; Hôtel ; Fagnes de Wallonie ; Voyage à Paris ; Sanglots - 1940) sur les textes d'Apollinaire ont peu besoin d'être présentées. Leur célébrité, mais aussi le caractère badin et immédiat de leur ton, jamais dépourvu d'un charme un peu canaille, les rendent tout de suite sympathiques. En cela, Poulenc épouse remarquablement la désinvolture affichée par Apollinaire dans des poèmes qui ne sont pas ses meilleurs, mais qui livrent beaucoup de choses une fois mis en musique.
La dernière est un peu plus solennelle et moins personnelle, aussi bien de texte que de musique, mais l'ensemble demeure bref et frappant.

Tel jour, telle nuit (1936-1937) était l'autre rareté du concert, côté Poulenc : cinq poèmes de Paul Eluard, dans lesquels on retrouve . Il vaut dire que la simplicité affichée de cette poésie me semble toujours plus décousue que réellement inspirée, considération certes hautement subjective, mais qui n'aide pas, une fois encore à apprécier ces mélodies autant que d'autres auditeurs peuvent le faire. Les choix de poèmes sont la véritable malédiction de la mélodie française... et Poulenc a malgré tout, dans l'esthétique qui était la sienne, choisi autre chose que les terribles bluettes que beaucoup d'auteurs du XIXe siècle peuvent mettre en musique (même les Hugo les plus choisis sont les plus mièvres...).
Neuf poèmes dans ce cycle : "Bonne journée", "Une ruine coquille vide", "Le front comme un drapeau perdu", "Une roulotte couverte en tuiles", "A toutes brides", "Une herbe pauvre", "Je n'ai envie que de t'aimer", "Figure de force brûlante et farouche", "Nous avons fait la nuit".
On y retrouve beaucoup (arrivant en dernier) les mêmes formules : petits refrains anodins, lignes mélodiques délibérément aplaties, mouvements lents dépouillés, syllabations débridées et burlesques. La thématique dualiste "jour / nuit" est assez agréable dans le cadre d'un cycle et se trouve assez bien exploitée par Poulenc. Pas forcément un cycle majeur, mais assez supérieur à ceux qu'on choisit généralement lorsqu'on joue Poulenc (notamment les Chansons gaillardes et Chansons villageoises). Néanmoins pas de la personnalité du Bestiaire ou des Banalités.
Bref, rien de majeur, mais bien plaisant !

Les trois cycles de songs de Barber présentés sont très rarement donnés en concert, et on disposait ici notamment des deux seuls un peu célèbres.

Les Mélodies Passagères (1950-1951), sur des poèmes français de Rainer Maria Rilke, reste avant tout une curiosité : le piano demeure intéressant (on y revient tout de suite), mais la prosodie assez plate et le mélodisme toujours faussement erratique produit, sur ces poèmes déjà un peu lisses, l'impression qu'on se trouve un peu... nulle part. Le but des phrases musicales est difficile à cerner, comme si on ressentait ici plus qu'ailleurs une forme d'arbitraire qui donne le sentiment d'un à quoi bon ?. Beau cycle au demeurant, mais le plaisir y reste très inférieur aux deux autres, parce que l'objet ressemble plus à une esquisse qu'à un aboutissement.
Il est piquant de constater qu'ayant été interrogé par Barber, Poulenc l'avait rassuré sur sa qualité prosodique - certes très respectueuse, mais peu naturelle et surtout peu expansive... exactement comme ce qu'il fait en anglais, et pas si loin du côté psalmodique de Poulenc en français, évidemment ! Le conseil n'était donc pas si bon, mais il fallait considérer à qui on le demandait, aussi !

Les Hermit Songs (1953) constituent de leur côté le corpus mélodistique et songuisant le plus célèbre de Barber. Avec quelque raison d'ailleurs, révèle la confrontation aux deux autres recueils de ce concert. En voyage en Irlande, le compositeur rencontre dans une anthologie comprenant de singuliers poèmes recueillis à partir de manuscrits de moines copistes. Ceux-ci, littéralement en marge des textes qu'ils calligraphiaient, écrivaient quelques textes de leur cru, prière sincère et naïve, apologues chrétiens pas toujours très en conformité avec la doctrine ou même pensées plus profanes. On rencontre ainsi, dans ces pensées dont la production s'étend du VIIIe au XIIIe siècle, l'histoire de frère Edan qui ne dormira pas seul ce soir ou celle, pas plus orthodoxe mais néanmoins plus respectable, du chat blanc Pangur qui tient sa vie monastique à lui. Et puis des réflexions personnelles sur les textes bibliques, appropriations souvent psychologisantes, assez loin du message doctrinaire et du contenu essentiel de la foi - par exemple cette petite glose autour de la plus grande souffrance du Christ sur la Croix, celle qu'il sait infliger à sa mère.
Contenu : 1 - At Saint Patrick's Purgatory / 2 - Church Bell at Night / 3 - Saint Ita's Vision / 4 - The Heavenly Banquet / 5 - The Crucifixion / 6 - Sea-Snatch / 7 - Promiscuity / 8 - The Monk and his Cat / 9 - The Praises of God / 10 - The Desire for Hermitage.
Barber en tire une écriture qui lui est typiquement propre, et qui montre son meilleur visage. La ligne vocale n'est pas toujours d'une grande évidence ni d'un mélodisme très intense, et en cela le rapprochement avec Poulenc est d'autant plus pertinent. Cette caractéristique se trouve ici tempérée, cependant, par les figures humoristiques ou à tout le moins très caractéristiques que permettent ces textes incongrus. L'essentiel du climat et de l'intérêt se trouve plutôt porté par la partie de piano, assez passionnante, disposant de cette harmonie tortueuse et de ces lignes mélodiques dont l'aspect est erratique, et qui frappent pourtant l'imagination : on songe à plusieurs reprises au mouvement lent de sa Sonate pour piano (une superbe antimélodie pas vraiment tonale). Les pages tempêtueuses sont très impressionnantes, les babillages très évocateurs.

On retrouve sensiblement les mêmes traits dans les Three Songs Op.45 (1972), à un degré d'originalité moindre et avec des climats plus recueillis. C'est par ailleurs dans cette douceur que se situe l'unité musicale du recueil, même dans l'excentricité douce de "A Green Lowland of Pianos" (Czesław Miłosz traduit en anglais par Jerzy Harasimowicz). Toute le poème développe une métaphorisation incongrue de la salle de concert en pré, dont voici la seconde moitié traduite en français :

Après les vacances
Ils provoquent des scandales
Dans les salles de concert
A l'heure de la traite artistique
Voilà soudain qu'ils se couchent
Semblables à des vaches

Observant d'un oeil morne
Le massif de fleurs blanches
Du public
Les gesticulations
Des ouvreuses

Les deux autres poèmes, plus sérieux, sont traduits de l'allemand. [Car l'unité du cycle est en réalité d'abord littéraire, avec des sujets bucoliques tous de poètes étrangers traduits en anglais.] Le premier, "Now Have I Fed and Eaten Up The Rose" est de Gottfried Keller traduit par James Joyce, le troisième, "O Boundless, Boundless Evening", de George Heym traduit par Christophe Middleton. Il constitue une jolie conclusion de récital, aussi bien par son sujet assez en situation (la "soirée sans fin") que par sa qualité évocatrice assez intense (dans le moment toujours priviligié de la dernière pièce du concert) ; et d'un point de vue musical, les couleurs nocturnes en sont assez belles aussi.

Voilà pour la présentation des oeuvres. C'est un peu long, mais si un compte-rendu n'est que l'occasion de parler d'interprétation, on passe tout de même à côté de l'essentiel, puisqu'il doit être l'occasion d'échanger avec ceux qui ont assisté aux mêmes oeuvres, ou d'informer ceux n'ont pu s'y rendre.

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2. Exécution musicale

Notre petite appréhension était liée à l'état vocal de François Le Roux. Cette voix jadis si claire, dont le Pelléas élancé et lumineux à marqué tout l'imaginaire du rôle, peut-être plus qu'aucun autre, est aujourd'hui placée avec un centre de gravité beaucoup plus bas, et ses rôles de ces dernières années (parfois de basse !) le montrent un peu tassé, si bien que ceux des glottophiles qui adorent mettre les chanteurs à la retraitent le voient déjà fini depuis longtemps. Car s'il réussit toujours admirablement Golaud, si j'avais aimé son Kékszakállú malgré la tessiture grave pour lui (Le Château de Barbe-Bleue de Bartók) , on peut discuter de son Général Boum (La Grande Duchesse de Gérolstein d'Offenbach), et son Général Carabaña (Magdalena de Villa-Lobos). Je l'avais aussi entendu chanter Les Deux Grenadiers de Schumann avec orchestre, il y a déjà quelque chose comme sept ou huit ans, avec un vibrato un peu désagréable - mais il a toujours été gêné par l'allemand, même dans ses meilleures années.

La voix ne serait-elle pas trop abîmée, et surtout trop limitée en ambitus, du côté de l'aigu, pour soutenir les terribles tessitures des mélodies exigeantes au programme ?

Il s'avère que la surprise est très agréable. D'abord l'intelligence de l'artiste rend absolument vaines toutes les considérations ci-dessus. Il a travaillé ces Poulenc pendant des années, et suffisamment de métier pour magnifier les Barber. Toutes ses limites vocales sont exploitées au maximum pour permettre, dans le cadre de sa voix, une lecture aussi expressive et pertinente que s'il avait eu ses moyens d'autrefois.
Mieux encore, il a en réalité complètement redéveloppé son instrument en exploitant beaucoup plus ses résonances graves et sans rien "cravater" (c'est-à-dire sans écrabouiller son émission pour donner l'impression d'avoir du grave) ni "tuber" (grossir artificiellement). Au contraire, c'est une voix riche et affirmée qu'on a entendue.
Même les tessitures ne constituent pas de réels problèmes : les rares aigus les plus hauts sont devenus un peu difficiles (mais beaucoup de chanteurs, ils le sont dès le début de leur carrière, et pas toujours traités avec autant d'esprit...), mais en réalité on entend, malgré le veillissement de l'instrument, beaucoup plus d'aisance que de difficulté !

Cette reconversion assez spectaculaire du baryton-Martin (baryton ténorisant) au baryton-basse lui permet d'aborder paisiblement son répertoire de prédilection, montrant qu'en dépit de tout il reste le maître. Les Banalités regorgent d'effets expressifs possibles, mais il faut bien reconnaître que lui ne s'en contente pas et maîtrise la nécessité de chaque recoin du cycle.

Dans Barber, alors que ses lieder gravés au disque ou en concert souffrent d'un allemand prononcé très en avant et avec un accent assez spécifiquement français, l'anglais se révèle d'assez bonne qualité, et en tout cas d'une clarté très appréciable : les mots sont aussi nettement articulés qu'en français. Ce n'est pas aussi suprême que les Poulenc, mais on l'écoute avec un réel intérêt et sans la moindre amertume. On découvre d'ailleurs un très bon anglais parlé lorsque François Le Roux prend la parole pour présenter, avec érudition et simplicité, les deux premiers bis. (Sa voix parlée est claire, aisée et très belle, loin des voix souvent un peu tassées dans le grave des barytons qui viennent de chauffer leur "voix d'opéra".)

La seule prévention qui me reste est extrêmement minime lorsqu'on a considéré tout cela, et a toujours existé : alors qu'il est capable de telles prouesses, pourquoi François Le Roux n'a-t-il jamais cherché à équilibrer ses "é" et ses "i", toujours très nasals et pas très bien timbrés (c'est certes typiquement la couleur française de ces voyelles...), ce qui cause des difficultés techniques, n'est pas bien beau et romp totalement l'homogénéité vocale au sein d'un même mot ?
Quand on est capable de réformer efficacement sa voix de maturité, on doit pouvoir améliorer ce genre de choses... Peut-être que le travail purement vocal, que ses succès ne rendent pas indispensable puisqu'il est embauché partout de toute façon, l'intéresse moins que le défrichage de répertoires... et il serait difficile de lui jeter la pierre, tant les chanteurs inintéressants pour qui la priorité est exactement inverse sont légion...

En tout cas, un Le Roux assez impressionnant ce soir, et la projection reste très bonne, avec une gamme de nuances dynamiques assez impressionnante. L'intégration du fausset comme prolongement de sa couleur vocale poitrinée normale est impressionnante aussi, son fausset étant lui-même comme mixé à l'envers.

Jeff Cohen est un accompagnateur qui m'enthousiasme moins que d'autres, avec une rectitude un peu sèche quelquefois - le son n'est pas très rond, le jeu dépourvu d'effets, à tel point qu'on a parfois le sentiment de quelque chose de peu généreux. Mais sa maîtrise est telle qu'on ne songe plus vraiment au mérite de l'interprète mais directement à la musique, qui est livrée comme sans filtre : impeccablement exécutée et en style, deux choses pas toujours fréquentes chez les accompagnateurs.
Autrement dit, ce n'est pas un interprète attachant en tant que tel, mais la modestie de ce qu'il peut dire en tant qu'interprète met en avant l'oeuvre, ce qui est peut-être le but ! Les Poulenc sont précis comme rarement... et les Barber sont tout de même bien beaux.

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3. Un théâtre

Enfin, un mot sur l'ambiance générale. Le théâtre Adyar est une petite salle louée pour des manifestations, dont la jauge doit ressembler à la salle Cortot. L'architecture extérieure, qui donne sur le discret square Rapp, quasiment sous la Tour Eiffel, a des allures de synagogue XIXe. A l'intérieur, deux étages, face à la scène, une décoration sobre (mur et plafond blancs, juste quelques "dentelles" dans le métal sur les poutres du plafond). On entend un peu moins bien à l'étage si le chanteur ne lève pas le nez, mais vu la taille modeste, le son est bien présent partout.
Le regret principal vient des sièges en cuir du parterre... dans une salle sans climatisation de surcroît, cela procure un sentiment d'étouffement corporel assez intense, qui peut au besoin se matérialiser par une liquéfaction assez désagréable. Les sièges pliants en tissu de l'étage, moins luxeux, sont beaucoup plus supportables.

Le théâtre était peuplé de membres de l'Association Capricorn qui produisait le concert, avec beaucoup de gens liés au "milieu" (ça causait de rééditions à suggérer à Renaud Machart par exemple). On pouvait notamment croiser Jean-Pierre Marti, célèbre pour ses disques de musique française, mais aussi créateur en Europe d'Antoine et Cléopâtre de Barber. Atmosphère assez singulière, donc : très bienveillante, assez bon enfant, mais un peu une réunion de Comité du Parti. Quoi qu'il en soit, nulle raison de s'en plaindre !

L'entrée, un peu chère (normal pour une petite jauge), ne l'était pas tant que cela si l'on considère le beau programme avec le texte bilingue complet des oeuvres, gracieusement fourni... Un luxe indispensable, mais qu'on ne rencontre pas partout, y compris dans les salles publiques !

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En somme, une bien belle soirée, qui ménageait au passage de l'étonnement pour les amateurs de voix, et surtout un programme particulièrement rare, intéressant, servi à un très haut degré d'inspiration et de sérieux.


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Commentaires

1. Le mardi 14 septembre 2010 à , par Pierre Brévignon / Association Capricorn :: site

Cher David Le Marrec,

Merci pour ce compte-rendu circonstancié, qui contribue à prolonger le plaisir éphémère de cette soirée ! Même si je ne partage pas toutes vos analyses (notamment votre sévérité avec "Tel Jour Telle Nuit", qui m'a vraiment bouleversé l'autre soir et que je considère un peu comme le "Voyage d'Hiver" de Poulenc), je me réjouis que vous ayez apprécié ce concert, et les efforts déployés par l'Association Capricorn pour le monter de la façon la plus satisfaisante sur les plans artistique & didactique. La captation qui en a été réalisée est à usage purement privé, mais quelques extraits seront mis en ligne sur YouTube (http://www.youtube.com/user/AssociationCapricorn).
Quant à l'ambiance "réunion du comité du Parti" (je pensais plutôt à une secte de "happy few" ;-)), ma foi j'aurais été ravi d'accueillir un public plus fourni mais le Parisien de retour de vacances est, c'est bien connu, lent à reprendre le chemin des théâtres, même avec une affiche 4 étoiles... (Et puis, il s'agissait du 1e concert de la rentrée à Adyar.) Mais tous les espoirs sont permis : notre précédente manifestation (intégrale de l'oeuvre pour piano de Barber par Lilia Boyadjieva) avait rassemblé plus de 300 personnes !
Deux sites à consulter pour approfondir la vie & l'oeuvre des compositeurs de cette soirée : www.samuelbarber.fr et www.poulenc.fr.
Cordialement

Pierre Brévignon
Association Capricorn

2. Le mardi 14 septembre 2010 à , par DavidLeMarrec

Merci pour ce rebond !

Effectivement, sans dire que je n'ai pas été touché par Tel jour telle nuit, j'y vois quelques tournures typiques de Poulenc (qui sont plus des ébauches que des redites, par rapport aux dates de la suite du programme), pas forcément sous leur forme la plus inspirée. Comme je suis très peu sensible à Eluard pour les raisons que j'évoquais, ça n'aide pas, évidemment.

je me réjouis que vous ayez apprécié ce concert, et les efforts déployés par l'Association Capricorn pour le monter de la façon la plus satisfaisante sur les plans artistique & didactique.

Le concert était amplement très satisfaisant, en effet ! Aussi bien pour les conditions artistiques qu'acoustiques, avec une vraie salle de concert.


La captation qui en a été réalisée est à usage purement privé, mais quelques extraits seront mis en ligne sur YouTube (http://www.youtube.com/user/AssociationCapricorn).

Merci pour l'information ! Usage purement privé, c'est-à-dire, en l'occurrence ?


Quant à l'ambiance "réunion du comité du Parti" (je pensais plutôt à une secte de "happy few" ;-)), ma foi j'aurais été ravi d'accueillir un public plus fourni

C'était déjà très honorable pour un récital de mélodies dans un théâtre peu célèbre, et annoncé à peu près nulle part... J'ai moi-même eu l'information très peu de temps auparavant.
Ma remarque n'était pas un reproche, je voulais simplement signifier par là qu'il y avait manifestement beaucoup de gens très chevronnés qui n'auraient manqué pour rien au monde un Barber, quelques gens du "milieu" aussi. On peut dire happy few également, mais il y avait un parfum d'événement, quelque chose d'un peu plus solennel que la schubertiade comme on en voit quelquefois.

Bonne journée !

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