mardi 21 septembre 2010
Armide à Abou Ghraib (Plante / Rambert / Cals ; Houston-Gennevilliers)
On reproduit un nôtre commentaire de la section "saison 2010-2011", qui constitue à la fois une information que nos aimables lecteurs ont peut-être manquée (dates, tarifs, lien du théâtre en fin de notule) et un rapide compte-rendu de l'exécution d'une oeuvre rarement donnée.
Concert 3 : Armide à Abou Ghraib (Théâtre de Genevilliers)
(Samedi 18 septembre.)
Le Mercury Baroque de Houston joue une version actualisée assez second degré de l'opéra de Lully. Dans la mise en scène de Pascal Rambert, Renaud est un GI un peu paumé ramassé par Armide, une égérie voilée à l'iranienne (voile noir et lunettes noires mais robe tout échancrée dans le dos) qui vient l'enlever en voiturette de golf après avoir renoncé à l'assassiner à coups de club.
Toute tasse bue, même si les idées sont absentes à partir de l'acte III, la transposition sauvage mais sans prétention se montre assez sympathique, plus qu'une imitation du Grand Siècle ratée.
L'exécution musicale est très valable. L'Ensemble Vocal Lumen de Lumine est d'un excellent niveau, avec de belles textures limpides et de très belles individualités (on y trouve même Mélodie Ruvio chez les alti, la Folie du Carnaval & La Folie de Destouches joué par Niquet à Ambronay il y a peu). Ce sont d'ailleurs ses membres qui se révèlent les meilleurs solistes de la soirée : Laurent Herbaut se montre un Aronte superbement mordant, Pascal Richardin un Artémidore gracieux, Laurent Bourdeaux un Ubalde plein d'autorité et de présence. Edmond Hurtrait, visiblement baryton, se tire très bien de la partie aiguë du Chevalier Danois.
Dans leur travail choral, on peut en revanche regretter des attaques pas assez franches et une petite mollesse, un manque d'abandon et d'engagement. Un rien transformerait leur prestation correcte et solide techniquement en quelque chose de superlatif : la fameuse "étincelle" de vie, pourtant pas compliquée à offrir à ce niveau de maîtrise et dans ce répertoire assez facile.
Le chef de choeur Dider Louis a là une voie de travail toute trouvée, parce que la clarté des plans, la qualité des timbres et la qualité de l'articulation verbale sont excellentes... Dommage de ne pas en tirer parti (car le modèle esthétique semble plus ou moins Les Elémens de Suhubiette).
Ce billet, écrit à par DavidLeMarrec dans la catégorie Saison 2010-2011 - Baroque français et tragédie lyrique a suscité :
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