De la tragédie lyrique à Don Giovanni
Par DavidLeMarrec, lundi 13 juin 2011 à :: Baroque français et tragédie lyrique - Opéras de l'ère classique - Saison 2009-2010 - Andromaque de Grétry (1780) - Tirso, Molière, Beaumarchais, Da Ponte et Mozart :: #1751 :: rss
En parcourant les extraits de Chimène ou le Cid d'Antonio Sacchini donnés par les Nouveaux Caractères à Versailles (Les favoris de Marie-Antoinette) lors de la saison Grétry du Centre de Musique Baroque du même lieu, il est difficile de ne pas être frappé par une parenté avec un autre opéra très proche chronologiquement, mais qui n'appartient pas à la quatrième école de tragédie en musique.
On fournit l'extrait dans sa continuité, mais c'est le second morceau qui nous intéresse.
Sébastien d'Hérin dirige, Jean-Sébastien Bou tient le rôle du roi et Caroline Mutel Chimène. [1] Sébastien Droy intervenait, un peu plus loin, en tant que Rodrigue - remplaçant (heureusement) Florian Laconi.
Ces ponctuations en trois accords de croches plaintives, accompagnées d'un hautbois funèbre, accompagnent le récit de la mort du père de Chimène. Quelle similitude de couleur (y compris harmonique) avec le récitatif désespéré de Donna Anna « Ma qual mai s'offre o dei » !
On se trouve clairement dans une parenté temporelle très logique, la création à Fontainebleau à lieu en 1783, et Don Giovanni à Prague en 1787 : ces formules, malgré leur relative personnalité (surtout saillante chez Mozart), se rapportent à une forme d'air du temps compositionnel. On retrouve d'ailleurs le cri du hautbois d'Andromaque de Grétry (1780), trouvaille qu'on a déjà admirée dans ces pages.
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Sur la durée, le mélange entre la déclamation héroïque et les pauses (et poses) galantes ne défigure pas totalement la pièce originale, à défaut de lui rendre pleinement justice. Assez prenant, on songe beaucoup au Grétry sérieux (celui de Céphale & Procris en particulier), et même si l'inspiration n'en est pas aussi élevée, cela demeure très supérieur aux habitudes de Sacchini. Bien meilleur, poème comme musique, que Renaud et Oedipe à Colone.
En revanche, le même concert contenait des extraits de l'intéressant Guillaume Tell de Grétry et surtout des fantastiques Danaïdes de Salieri - il en existe de nombreuses intégrales au disque, dont la plupart massacrent l'économie musicale (et stylistique) de l'oeuvre. Toutefois en furetant bien parmi les bandes radios, on rencontre de magnifiques témoignages.
Notes
[1] Caroline Mutel est aussi co-fondatrice de l'ensemble en 2003.
Commentaires
1. Le mardi 14 juin 2011 à , par fashioneo
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