[concert 3] Lassus, Gombert, Josquin Desprez et Victoria aux Bernardins par les Tallis Scholars
Par DavidLeMarrec, samedi 26 septembre 2009 à :: Musique ancienne - Saison 2009-2010 :: #1365 :: rss
Petit concert de fin de semaine hier soir, je reporte un petit mot que je viens de gribouiller pour de charmants voisins.

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Je donne le programme officiel, mais il y a eu des choses ajoutées, notamment un motet d'Alonso Lobo :
Roland de Lassus / Orlando di Lasso : Alma redemptoris mater
Roland de Lassus : Media vita
Nicolas Gombert : Media vita
Nicolas Gombert : Lugebat Absalon
Josquin Desprez : Absalon fili mi
Roland de Lassus : Omnes de Saba
Tomás Luis de Victoria : Requiem
Par les Tallis Scholars dirigés par Peter Phillips.
Moi aussi je n'aurais jamais cru voir une telle foule pour du Gombert. C'est vrai qu'il y avait le tube de Victoria qui pouvait attirer, couplé avec les noms de Lassus et Josquin. Je dois avouer que c'est la variété du programme qui m'a moi-même amené là, même si je ne sentais pas trop le Requiem...
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Deux mots de mon côté.
Les Bernardins sont des faquins d'avoir construit leurs Salles de Classe rue de Poissy au lieu de le faire logiquement Rue des Bernardins - ce peut en plus conduire quelques âmes égarées (je ne nommerai personne) à aller vider un ou deux chapelets à Saint-Nico avec les tradis de la meilleure pressade au lieu d'aller faire la queue en temps et en heure (et pour une fois ce n'est pas de moi qu'il s'agit).
Car j'ai fait la queue, comme tout le monde, même si en fort excellente compagnie, l'organisation du lieu s'étant montrée d'une rigueur pas vraiment ecclésiastique. Il me semblait pourtant que les Bernardins étaient un lieu d'activité culturelle de longue date... J'ajoute que bien qu'ayant fait la queue pendant une bonne heure, je n'ai pas eu la plaquette avec traduction, et que vu le répertoire, l'acoustique et la diction de surcroît un peu molle des Tallis, il valait mieux avoir une idée précise des motets pour suivre (ou deviner, comme pour l'Anyinyous Dei, qui sonnait plutôt comme un étrange Dominus Dei si l'on ne savait pas que l'on était dans la seconde moitié d'un Requiem...
Les lutins ont donc fait leur BT (test de reconnaissance à l'aveugle) sur place, et se sont sentis bien satisfaits d'avoir (devant témoin qualifié) identifié Lassus.
J'ai trouvé le lieu un peu frustrant : à moins d'avoir réservé par Internet et d'être arrivé une heure à l'avance (les deux conditions étant nécessaires simultanément), on ne voit rien, et on entend d'un peu loin, même si la relation physique demeure. Parce que l'espace est utilisé dans le sens de la largeur, très bizarrement, alors que l'acoustique agréablement réverbérante mais pas floue d'une architecture de type capitulaire (vu la taille, ce doit être autre chose, j'imagine, un très beau réfectoire peut-être) pouvait tout à fait supporter le placement dans le sens de la longueur.
De mon côté donc, je n'entendais pas très nettement les différentes parties, et pas à cause des Tallis.
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Très beau programme de première partie, dominé par des Lassus très différents, de la manière subtilement élégante bien connue (un contrepoint souple et des mélismes gracieux) de Media vita à une veine très monteverdienne qui rappelle les couleurs des Vêpres de la Vierge (Omnes de Saba).
Quoique Josquin m'ait un brin plus séduit que le second, le style se fond tout à fait avec Gombert, amplement plus rigoureux et hiératique que chez Lassus, quoique pas sans charmes.
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La seconde partie
Et avec ça, on nous sucre le basson, qui est quand même le côté sympa de ces Requiem espagnols. ¡ Malditos sean !
En échange, on avait quelques introductions en plain-chant assez sympathiques, qui brisaient la monotonie d'ensemble.
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Concernant les Tallis, j'ai beaucoup aimé leur pudeur, dont la sobriété n'est pas dépourvue de tendresse. Ce n'est pas très incarné, mais ça fonctionne bien en assumant cette perspective. Une très belle soprane en particulier (des sons extrêmement droits, presque stridents, mais une voix généreuse et fruitée, vraiment étonnant).
Et une justesse de l'ensemble hallucinante : on croirait entendre de l'orgue, non pas en volume, mais en sûreté et égalité de la hauteur du son du début de l'attaque à la cessation de tenue. Par ailleurs, les attaques sont si nettes et fermes, le son si bien soutenu que chaque note semble ne pas varier au cours de son émission. Grand niveau.
Avec l'acoustique en revanche, je percevais le timbre un peu métallique et nasal du ténor comme compressé en mp3 128 kbps, avec quelques résonances métalliques parasites, et la meilleure basse qui devait donner avec des graves "à halo" l'assise à l'ensemble manquait cruellement - non pas qu'elle ait été absence, mais qu'elle était tout à fait de dos par rapport à moi.
De très belles choses donc, même si je me serais volontiers privé de la seconde partie, avec ou sans contrepartie... Je n'avais de toute façon jamais entendu le Victoria en salle, même si je n'avais pas d'illusions sur l'introduction d'un basson qui n'était pas crédité sur les programmes : dans le pire des cas, ça resterait de l'instruction enrichissante.
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P.S. : Second bon point pour les lutins : après vérification, la nef des Bernardins servait aussi bien de salle de cours que de réfectoire et de salle capitulaire, ce qui confirme donc nos impressions visuelles de la veille.
Commentaires
1. Le dimanche 27 septembre 2009 à , par lou :: site
2. Le dimanche 27 septembre 2009 à , par Lord Ruthwec :: site
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