Carnets sur sol

   Écoutes (et nouveautés) | INDEX (très partiel) | Agenda concerts & comptes-rendus | Playlists & Podcasts | Instantanés (Diaire sur sol)


Le Quatuor le plus long


Ce n'est pas un grand secret, la symphonie la plus longue est la Troisième de Mahler (même si, en cherchant bien, on doit toujours pouvoir trouver davantage, mais tous les grands massifs symphoniques un minimum diffusés sont légèrement moins longs) : des symphonies de 80 minutes se trouvent assez facilement, mais de 100 minutes comme celle-là, non.

Pour l'opéra, semblablement, il y a bien sûr la Tétralogie de Wagner (14h environ), terrassée par les 24h de Licht de Stockhausen, dans les deux cas des œuvres en réalité composées de plusieurs œuvres.
Pour une pièce d'un seul tenant, le record doit être à chercher du côté du grand opéra à la française sans coupures, je suppose (Don Carlos en version originale est vraiment très long, du côté des 4h, mais Parsifal aussi…).

Mais pour le quatuor à cordes (traditionnel, j'y reviens ensuite)… qui l'eût cru ?  En essayant les quatuors de jeunesse de Dvořák que je n'avais jamais testés – fort de l'expérience des symphonies, dont la qualité est fortement liée à la date de composition… je tombe tout à fait par hasard sur le Troisième Quatuor, qui peut durer pas loin de 70 minutes !

À titre d'indication, le Treizième de Beethoven, dans sa version avec la Grande Fugue, fait 45 minutes, et de même pour le Quinzième de Schubert avec toutes ses reprises !

Dans un langage traditionnel mais inspiré (même si les précédents et suivants me paraissent meilleurs), dense structurellement et mélodiquement, il ne paraît pas du tout long, mais dure objectivement beaucoup plus que les quatuors les plus ambitieux – les 40 minutes de Magnard sont déjà souvent considérées comme exagérées par les commentateurs, et ce type de durée apparaît en principe chez des compositeurs plus tardifs et au langage formel et harmonique plus hardi que Dvořák, qui baigne dans plus d'une heure de consonances…

le quatuor le plus long

Vous pouvez l'écouter intégralement, gratuitement et légalement en ligne ; pour une fois, je trouve que l'intégrale DGG est vraiment un très bon choix, plus incarné que la (bonne !) intégrale des Vlach-Prague chez Naxos. Je réviserai peut-être mon sentiment, n'ayant écouté que les 9 à 14 chez Naxos, mais l'écart d'engagement, de verve (et de couleurs dans la captation) me paraît suffisamment significatif pour conseiller d'emblée le Quatuor de Prague chez Deutsche Grammophon, qui livre de surcroît les plus belles interprétations que j'aie entendues pour les derniers quatuors.

--

Je vous ai caché qu'il existait en réalité plus long, mais dans un mode plus expérimental, qui n'a plus de rapport avec la forme en trois ou quatre mouvements (et où, donc, tous les coups sont permis). Morton Feldman a en effet écrit deux quatuors à cordes… le premier dure 80 minutes (record battu, donc), et le second… le second… 370 minutes. Si, si, ça tient tout juste sur cinq disques très tassés. Pendant l'exécution, les gens lisent, s'allongent, sortent fumer ou prendre le soleil et causer un peu… et je me demande comment les musiciens font logistiquement pour garantir leurs remplissages et purgations commandés par Nature. Une chose est sûre, si une corde casse, ils ne reprennent pas au début du mouvement !

Mais il existe encore plus long : les quatuors de Philip Glass… la première mesure en tout cas, qui dure pour l'éternité.


--

Autres notules

Index classé (partiel) de Carnets sur sol.

--

Trackbacks

Aucun rétrolien.

Pour proposer un rétrolien sur ce billet : http://operacritiques.online.fr/css/tb.php?id=2862

Commentaires

1. Le mardi 25 octobre 2016 à , par Arnaud B.

Salut David,

Côté opéra ça n'est pas les Maîtres Chanteurs l'ouvrage lyrique le plus long ?

2. Le mardi 25 octobre 2016 à , par Benedictus

370 minutes pour Feldman 2? Mon enregistrement par le Ives Ensemble n'en fait que 293. À tous les coups, ils n'ont pas fait toutes les reprises.

3. Le mercredi 26 octobre 2016 à , par Faust

Personnellement, je ne trouve long que ce qui est ennuyeux (je sais, j'introduis de la subjectivité dans la froide objectivité du minutage) !

Pour le spectacle vivant à l'opéra, ne faudrait-il pas prendre également en compte les entractes ?

4. Le vendredi 28 octobre 2016 à , par DavidLeMarrec

Ave !

@ Arnaud :

Hors groupements, tu as très probablement raison !  Voilà bien un domaine où l'horrible Richard Wagner n'usurpe pas sa réputation – quelle collection d'ouvrages objectivement interminables !  (Comment arrive-t-on à encaisser ça, considérant qu'il ne s'y passe en plus à peu près rien pendant de très vastes dizaines de minutes ?)

--

@ Benedictus :

C'est le minutage du Flux Quartet (mais j'avoue avoir fait des courses pendant le cinquième disque, je n'ai pas compté toutes les minutes). Pas impossible qu'il y ait quelque chose comme des reprises (ou des états différents de la parttion ?)

--

@ Faust :

Ah, moi je trouve quand même Wagner objectivement long : entrer au théâtre avant 17h et n'en ressortir qu'après 23h, c'est quand même une expérience, quasiment un happening, même si chaque instant peut en être intense (et c'est souvent le cas avec du bon Wagner).

Mais c'est à cause de cette composante subjective déterminante (quand on n'adhère pas, on partage très vite la souffrance des non-mélomanes, impossible de faire autre chose, de regarder la vue, d'attendre à la cafétéria ou de lancer des blagues de mauvais esprit comme pendant une expo…) que j'ai cité Glass, en effet.

Pour le plaisir de l'anecdote, je raconterai donc qu'en préparant cette notule (pour vérifier que je ne me trompais pas trop lourdement), je suis allé vérifier les quatuors les plus longs que j'avais écoutés… et quelle ne fut pas ma surprise en constatant que le plus ample de tous, celui de Magnard, réputé pour être particulièrement long et ambitieux (et qui est en tout cas long et remarquablement peu roboratif) durait à peine plus de trente minutes. J'avais le souvenir (issu d'une bonne demi-douzaine d'écoutes, tout de même) d'une œuvre qui durait cinquante minutes…


Pour le spectacle vivant à l'opéra, ne faudrait-il pas prendre également en compte les entractes ?

C'est en général assez proportionnel à la durée de l'ouvrage, du fait de la limite infranchissable de la vessie des dames et de la somnolence des messieurs.

Ajouter un commentaire

Le code HTML dans le commentaire sera affiché comme du texte.
Vous pouvez en revanche employer la syntaxe BBcode.

.
David Le Marrec

Bienvenue !

Cet aimable bac
à sable accueille
divers badinages :
opéra, lied,
théâtres & musiques
interlopes,
questions de langue
ou de voix...
en discrètes notules,
parfois constituées
en séries.

Beaucoup de requêtes de moteur de recherche aboutissent ici à propos de questions pas encore traitées. N'hésitez pas à réclamer.



Invitations à lire :

1 => L'italianisme dans la France baroque
2 => Le livre et la Toile, l'aventure de deux hiérarchies
3 => Leçons des Morts & Leçons de Ténèbres
4 => Arabelle et Didon
5 => Woyzeck le Chourineur
6 => Nasal ou engorgé ?
7 => Voix de poitrine, de tête & mixte
8 => Les trois vertus cardinales de la mise en scène
9 => Feuilleton sériel




Recueil de notes :
Diaire sur sol


Musique, domaine public

Les astuces de CSS

Répertoire des contributions (index)


Mentions légales

Tribune libre

Contact

Liens


Chapitres

Archives

Calendrier

« octobre 2016 »
lunmarmerjeuvensamdim
12
3456789
10111213141516
17181920212223
24252627282930
31