Hélène Bernardy - dramatique et claire
Par DavidLeMarrec, mercredi 29 août 2012 à :: Portraits :: #2059 :: rss
Parmi les grands dramatiques actuels, toutes ne sont pas des voix opaques et hululantes - même si j'apprécie par ailleurs Deborah Polaski et Luana DeVol. Il existe aussi des voix pleinement timbrées et fruitées, comme Gabriele Maria Ronge ou Evelyn Herlitzius, étrangement moins bien servies par le disque et les retransmission que nombre de consoeurs moins accomplies.
Mais il en est une autre, plus étonnante encore, qui bien qu'assumant les rôles lourds de Donna Anna, Senta, Elsa, Isolde, Sieglinde, Elisabetta (Don Carlo), Dritte Norne, Aida, Santuzza, Tosca, Ariadne, Adriana Lecouvreur, Erwartung, Marie (Wozzeck), Giorgetta (Il Tabarro) ou Fata Morgana, s'exprime avec un placement haut et clair. Et tintinnabuler sans rien retrancher à l'impact dramatique n'est pas donné à tout le monde !
Entendez plutôt :
On pourrait rapprocher son profil d'Anne Schwanewilms, mais la franchise de l'émission, la variété des couleurs et l'intensité de l'engagement sont sans commune mesure. (On lui souhaite donc au moins la même carrière.)
On peut peut-être trouver, à la découverte, une pincée d'acidité, surtout dans l'aigu, liée aux nécessités de la projection - une acidité qui peut évoquer celle de Crespin. Cependant le dynamisme du geste vocal, l'intelligibilité absolue du texte et le galbe remarquable des mots éclipsent totalement cela, et de mon point de vue sans la moindre ombre de regret.
Elle a beaucoup évolué en Allemagne, notamment dans les troupes de Chemnitz et Karlsruhe, formidable lieu de formation (lorsque les voix sont suffisamment bien formées en amont).
En Geniève du Roi Arthus avec Callegari comme dans cet extrait de Walküre, elle darde littéralement ses notes et ses mots, avec une limpidité hors du commun. Ce n'est pas faute d'en avoir entendu beaucoup, pourtant je n'aurais pas beaucoup de plus beaux « Der Männer Sippe » à suggérer.
Vous pouvez entendre d'autres extraits sur son site, d'où j'ai tiré le présent extrait. Tout n'est pas aussi parfait, mais tout reste nimbé de cette même étrangeté fanstastique - et elle conserve toujours, jusque dans les aigus difficiles, ce grelot serré qui ne manque pas de charme.
Le seul disque dont j'aie trouvé trace [1] est une Deuxième Symphonie de Mahler chez ARTS avec Oleg Caetani, les Choeurs de l'Opéra de Chemnitz et la Philharmonie Robert Schumann. Cette dernière est l'orchestre résident du Théâtre de Chemnitz, que j'avais recommandé dans Schumann, mais qui est plus sévèrement sollicité dans cette symphonie. De toute façon, la partie de soprano étant ce qu'elle est dans cette symphonie, on profite assez peu de Bernardy, pourtant immédiatement prégnante - mais dans ses mauvaises notes et nécessairement limitée expressivement par le contexte...
Dans le domaine du récital symphonique, j'aimerais vivement entendre ses Shéhérazade de Ravel !
On espère donc des disques pour documenter une voix qui prend tant de risques avec de si belles choses à dire.
Notes
[1] Anecdote : En écrivant la notule, pour vérifier qu'il n'existe rien d'autre, je vais vérifier dans sa biographie, sur son site, où je lis : « sa discographie inclut la Seconde Symphonie de Mahler sous la direction d'Oleg Caetani ». Bien, si elle en est à signaler le disque où elle chante les deux minutes (même pas solo) de soprano, je ne dois pas avoir manqué beaucoup d'autres choses !
Commentaires
1. Le jeudi 30 août 2012 à , par Xavier
2. Le jeudi 30 août 2012 à , par Sandrine
3. Le jeudi 30 août 2012 à , par DavidLeMarrec
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5. Le jeudi 30 août 2012 à , par Sandrine
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7. Le samedi 1 septembre 2012 à , par DavidLeMarrec
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